Au lendemain des propos controversés de Mohamed Amine Belghit, niant l’existence des Amazighs et qualifiant leur langue d’”invention franco-sioniste”, une réponse historique s’est imposée. Pourtant, bien avant que cette polémique n’éclate, deux interventions majeures avaient anticipé cette dérive idéologique :
La vidéo du chercheur et vidéaste Doumir : « هل الأمازيغية لغة أم قبيلة ومتى ظهرت هذه الكلمة؟ »
L’émission « رحلة » diffusée sur Al Mayadeen le 29 avril 2025, avec l’historien Dr Mohamed Arzeki Ferad, spécialiste reconnu du patrimoine amazigh.
Ces deux interventions forment aujourd’hui un rempart intellectuel et rigoureux contre les discours négationnistes.
1. Les Propos de Belghit : Négation et Réactions
Dans une intervention télévisée, Belghit a affirmé que « les Amazighs n’existent pas » et que tamazight serait une langue “inventée” à des fins coloniales. Il a également déclaré que “les Berbères sont des Arabes”, niant toute autonomie historique ou linguistique à l’identité amazighe. Ces propos ont entraîné :
L’indignation d’une grande partie de la société algérienne ;
Une condamnation officielle par le Haut-Commissariat à l’Amazighité ;
Une procédure judiciaire pour atteinte à l’unité nationale et incitation à la haine.
2. La Réponse de Doumir : Une Analyse Historiquement Fondée
Dans sa vidéo, Doumir propose une démonstration méthodique :
Il réfute la thèse selon laquelle le mot “Amazigh” serait récent, montrant qu’il est attesté dès le Moyen Âge.
Il s’appuie sur Ibn Khaldoun, qui évoque “Mazigh ben Canaan” comme ancêtre des Berbères.
Il cite des sources européennes du XVIIIe siècle (dictionnaires géographiques, récits de voyage, livres imprimés entre 1500 et 1790) où les termes Amazigh, Mazices, ou Imazighen apparaissent de manière régulière.
Il démontre que Amazigh n’est pas une construction moderne, mais un terme enraciné dans la mémoire historique et géographique du Maghreb.
3. Le Dr Mohamed Arzeki Ferad sur Al Mayadeen : Une Leçon d’Histoire Amazighe
L’historien Mohamed Arzeki Ferad (الدكتور محمد أرزقي فراد), spécialiste du patrimoine amazigh, a exposé avec clarté les dimensions multiples de l’amazighité dans l’émission رحلة :
a. L’amazighité comme pilier de l’identité algérienne
Il affirme que l’amazighité est un pilier fondamental de l’identité nationale, au même titre que l’islam et l’arabité. Il plaide pour une réconciliation identitaire, refusant les lectures coloniales et raciales du passé.
b. Une ancienneté attestée
Le Dr Ferad mentionne :
Hérodote qui, dès le Ve siècle av. J.-C., parle des peuples de l’Afrique du Nord comme Amazighs.
Des noms historiques comme Numides, Libyens, Mazices, tous rattachés à cette population.
Des preuves archéologiques (à Gafsa, Berr El Ater, Tighennif, Aïn Boucherit…) démontrant une présence humaine amazighe depuis plus de 2 millions d’années.
c. Langue, culture, et civilisation
La langue amazighe a survécu via la tradition orale, malgré l’absence d’écriture unifiée.
L’alphabet tifinagh, l’adoption partielle de l’arabe et du latin, la traduction du Coran, de l’appel à la prière et des œuvres soufies en tamazight témoignent de sa vitalité linguistique.
L’architecture (ksour, foggaras), l’artisanat, les tenues traditionnelles (burnous), la gastronomie (couscous), les fêtes saisonnières comme Yennayer sont autant de manifestations vivantes de cette culture.
d. L’amazighité dans l’islam et la modernité
Le Dr Ferad rappelle que :
Des figures amazighes ont fondé des dynasties islamiques : Rostomides, Almoravides, Almohades.
Des intellectuels amazighs ont contribué à la langue et à la théologie musulmane : Ibn Toumert, Ben Badis, Ibn Mu‘ti al-Zawawi, le poète al-Busiri, etc.
L’amazighité n’est pas en contradiction avec l’islam, mais un partenaire historique dans son développement en Afrique du Nord.
4. Deux Réponses, Une Même Vision : Pour une Algérie Algérienne, Inclusive et Plurielle
Doumir et le Dr Mohamed Arzeki Ferad, bien que s’exprimant dans des cadres différents (vidéo documentaire d’un côté, entretien académique de l’autre), convergent vers une même conclusion : la question amazighe n’est pas une menace, mais une composante essentielle du projet d’Algérie algérienne.
Ce concept d’Algérie algérienne, revendiqué dès les années 1930 par les réformateurs comme l’imam Abdelhamid Ben Badis, affirme que l’Algérie puise son identité dans trois dimensions complémentaires :
L’islam comme fondement spirituel et éthique ;
L’arabité et la langue arabe comme ciment civilisationnel ;
L’amazighité comme socle historique, géographique et culturel.
Dans cette optique, les discours de division ou d’exclusion — qu’ils soient francophiles, arabistes exclusifs ou berbéristes radicaux — sont des déviations de l’idéal national.
L’histoire, les langues, les traditions et les contributions intellectuelles des Amazighs sont constitutives de l’Algérie, de son territoire comme de sa mémoire.Ainsi, Doumir et le Dr Ferad plaident non seulement pour une reconnaissance, mais pour une valorisation active du legs amazigh dans :
L’enseignement et les manuels scolaires ;
La toponymie et les archives ;
Les institutions culturelles et scientifiques.
Leur discours n’est ni nostalgique ni identitaire au sens excluant, mais profondément national : il s’agit de construire une Algérie fidèle à son histoire plurielle, sans artifices idéologiques ni effacements dictés par le pouvoir ou par ses opposants.
Conclusion
L’affaire Belghit n’est pas une simple polémique académique ; elle incarne une attaque frontale contre la mémoire historique et l’unité du peuple algérien. Mais cette offensive idéologique n’est pas sortie du néant. Elle a été lancée depuis un plateau de Sky News Arabia, une chaîne émiratie dont l’agenda politique n’échappe plus à personne.
Les Émirats arabes unis, devenus un État vassal d’Israël, ont transformé leur appareil médiatique en instrument régional de guerre cognitive. Derrière les apparences de débats intellectuels se cache une stratégie bien rodée, où les centres de commande idéologique — guidés par le Mossad et les appareils de l’État sioniste — cherchent à fracturer les sociétés arabes de l’intérieur en semant le doute sur leurs identités historiques.
En diffusant de tels propos niant l’existence des Amazighs, un peuple autochtone millénaire, Sky News Arabia n’a pas seulement donné la parole à un historien controversé : elle a activement participé à une opération de subversion culturelle, ciblant l’Algérie à travers l’un de ses fondements : la pluralité de son identité.
Mais cette manœuvre a échoué. Grâce à des voix comme celles Doumir et le Dr Mohamed Arzeki Ferad, la réponse etait deja prete. Rigoureuse, enracinée, documentée. Le peuple algérien, fort de son histoire, n’a pas eu besoin de longues analyses pour voir clair : le discours de division était importé, téléguidé, et conforme aux logiques coloniales les plus anciennes.
La vigilance reste de mise. Mais ce que cette affaire a démontré avec éclat, c’est que l’Algérie — une et indivisible — reste imperméable aux injonctions venues de régimes clientélistes qui ont troqué leur souveraineté contre l’illusion de puissance régionale. L’histoire, la mémoire et l’unité algérienne ne sont pas à vendre.
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تحيا الجزائر واحدة موحدة
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