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Éléments pour la «numérisation» du pays (1re partie)

by Toufan
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Par le Pr Baddari Kamel(*) 
Les technologies à l’ère du numérique sont une véritable innovation qui transforment les manières de travailler, de communiquer, de produire, de vendre, de consommer… Elles ont refaçonné les modèles économiques traditionnels et bouleversé les habitudes qu’on voudrait désormais efficaces, efficientes et performantes. Pour se fixer les idées, ces technologies sont représentées entre autres par les big-data, la connectivité et l’usage intensif d’internet, l’intelligence artificielle, la cybersécurité, les plateformes numériques en ligne, le réseau 4G, 5G… Les pays «numérisés» sont ceux qui mettent en œuvre ces solutions numériques pour répondre aux besoins quotidiens de leurs citoyens, administrations et entreprises.

L’Algérie déploie des efforts pour tirer les bénéfices que peuvent lui procurer ces technologies, à en juger par la création d’un ministère à cet effet. Dans le cadre de cette contribution, on tentera d’apporter des éléments de réponse à une question centrale, au cœur des préoccupations des pouvoirs publics : quels sont les éléments de numérisation des secteurs d’activités du pays ? Il s’agit d’un projet de longue haleine qui doit être pris avec passion, car la numérisation n’est pas un site web ou une plateforme esseulée et non intégrée. C’est un paradigme nouveau, formant un écosystème dynamique où les différentes parties inter-réagissent, entraînant par là même la confiance qui s’établit entre les citoyens et l’administration.

Une réforme systémique est bien nécessaire 
La réforme systémique est indispensable pour concrétiser la numérisation. Elle aboutit à la mise en place d’un système qui permet au gouvernement de s’organiser autour des besoins du pays en proposant aux citoyens et aux entreprises publiques et privées des services numériques faciles à utiliser, sécurisés et pertinents. Elle devra, en premier lieu, porter sur une étude approfondie de l’organisation administrative, telle qu’elle se présente, en se posant plusieurs questions : la structure des supports d’information (documents) est-elle compatible avec les nouvelles exigences du numérique ? Ces supports proposés sont-ils clairs et non redondants ? Le codage de l’information est-il suffisamment riche et discriminant pour le repérage sans ambiguïté des informations ? La fiabilité du circuit de circulation de l’information d’une structure à une autre est-elle garantie et englobant tous les services ? Il faudra s’intéresser, en deuxième lieu, à l’identité numérique et sa relation avec l’identification des citoyens. Il est également impératif, en troisième lieu, de se préoccuper de la disponibilité de solides infrastructures et d’accès à internet à tous les citoyens. Il faudra, en quatrième lieu, s’assurer de l’existence de compétences institutionnelles, à l’échange sécurisé de données et d’informations entre les différentes administrations, opérateurs publics et privés. Il est aussi indispensable de définir, en cinquième lieu, les aspects conceptuels des nouvelles applications interopérables autour des TIC (Technologie de l’information et de la communication) pour élever le niveau d’interaction entre le gouvernement et les citoyens.
A chaque question posée et à chaque point soulevé, il y aura une solution technique et économique à la fois efficace et efficiente. Une solution trouvée dans la perspective de fournir un service plus performant qu’un service physique traditionnel.
La carte d’identité électronique est indispensable au fonctionnement des systèmes de numérisation. Elle devra assurer sans ambiguïté l’identification dans le monde virtuel d’une personne physique ou morale. Elle a deux fonctions : apporter la preuve numérique de son identité, sécuriser et vérifier les transactions numériques que les personnes seront amenées à effectuer.
Cette réforme systémique qui implique la reconfiguration des services dans tous les secteurs du pays, ainsi que la mise en place d’une politique de transformation digitale clairement définie aboutira à la mise en place de services en ligne complètement dématérialisés.

Le rôle de l’État dans la «la numérisation» du pays
L’Algérie nouvelle peut, au même titre que sa transition politique, réaliser sa transition numérique.
Le but étant d’arriver, à terme, à une administration décloisonée et ouverte davantage à la société. Le rôle de l’État n’est pas de réaliser mais de faire réaliser en y définissant les politiques et les stratégies. Il doit :
– Élaborer une planification stratégique prônant une approche holistique qui intègre tous les secteurs d’activités du pays ; – favoriser l’émergence et la formation de compétences institutionnelles nécessaires à la consolidation et à la mise en œuvre de la planification stratégique en suscitant l’implication des parties prenantes, l’intégration des atouts du pays, les investissements sur les TIC, la politique de la formation des compétences, la recherche de partenariats aussi bien avec le secteur étatique que privé,  tant au niveau national qu’au niveau étranger ; -apporter son appui à la participation et au dialogue citoyens ; – élaborer un espace numérique fiable et sécurisé ; -mettre en place de nouveaux règlements pour protéger les droits des personnes et la refonte de la propriété intellectuelle en conséquence ; – la conscientisation des consommateurs, de leurs droits, des libertés et des obligations dans le commerce en ligne ; – œuvrer pour la politique «zéro papier» en éliminant les formulaires imprimés et les lettres postales. Tout devra être immatériel ; – susciter et, plus tard, généraliser la signature électronique des documents ; – favoriser la mise en place de plateformes institutionnelles (e-éducation, e-paiement, e-taxes, e-santé, e-intérieur, e-finance…) inter-indépendantes pour tous les services publics au moyen d’un portail unique ; – créer une plateforme pour les développeurs (de quoi ?) où ils pourraient trouver les outils d’interrogation des bases de données de l’État, et mettre au point de nouveaux services… – créer un environnement interactif afin que le gouvernement, les secteurs public et privé et la population travaillent ensemble de manière transparente ; – adopter un plan national de lutte contre la cybercriminalité… Comme on peut le constater, se lancer dans un projet de telle envergure suppose une véritable passion. C’est le travail sur le terrain qui compte si on veut que le pays profite pleinement de cette révolution du numérique.
Les technologies du numérique sont interdépendantes et constituent à cet effet un écosystème dynamique.
En Algérie, pays traditionnellement prudent dans ses actes, on ne devrait pas essayer de fonctionner comme un pays de pointe lors de la phase de conception et de mise en œuvre de ces technologies ; sinon, cela risque de nous bloquer. Les architectures à élaborer et les bonnes pratiques à mettre en œuvre doivent être réalistes et réfléchies en fonction de la disponibilité de nos propres ressources.
Le challenge serait donc d’accélérer ce processus de numérisation et de passer entièrement à un nouveau paradigme. Le ministère devra aussi susciter la création notamment de plateformes numériques en ligne interconnectées et hautement sécurisées, d’industries de production de contenus locaux et d’intelligence artificielle…
La mise en œuvre de ces fondamentaux pourra être confiée à des start-up selon un cahier des charges précis. Il faut aussi signaler que la création d’agences régionales, mieux à même d’apprécier et de prendre en charge les besoins des citoyens par région, est indispensable.
Ces agences mettront en œuvre les projets stratégiques de chaque région, piloteront les infrastructures nécessaires et offriront une gamme complète de capacités numériques de tous les secteurs vitaux de la région.

La digitalisation de la relation usager-administration
Un État ne devient prospère que par sa capacité à simplifier la vie de ses citoyens. Pour ce faire, il doit réaliser sa profonde transition numérique où l’élément humain est primordial. Il faut se fixer comme objectif d’atteindre en une période donnée un pourcentage élevé d’Algériens et d’entreprises qui utilisent les outils des TIC pour communiquer, pour faire des achats et des ventes, pour réaliser leurs demandes administratives, pour déclarer leurs impôts… Confiée aux différentes institutions de l’État, la digitalisation de la relation administration/citoyen permet aux administrations étatiques d’accomplir les grandes orientations, à savoir l’optimisation des processus administratifs, la simplification de la relation entre administrations et usagers, l’amélioration de la qualité du service public, la dématérialisation des démarches administratives de l’État, des entreprises et des collectivités nationales, la gestion électronique des documents et le ciblage des contrôles par l’intelligence artificielle…
B. K.

 (*) Professeur des universités en physique et en mathématiques.  Expert de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Expert en conduite de changement, université de M’sila.

Note : Dans la suite de cette contribution à paraître dans le même quotidien, nous aborderons les points suivants :  les infrastructures et compétences institutionnelles, la digitalisation de la relation usager-administration, numérisation des entreprises, visibilité et internationalisation des TIC, difficultés, conclusion, lectures.

LSA   le : 27.06.2021

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Mohamed Redha Chettibi juillet 3, 2021 - 14:39

Excellent première partie
Merci Toufan ….ce Monsieur ferait un invité très intéressant pour un éventuel Live avec Monsieur Grar Younes

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