La première unité de production de médicaments biosimilaires en Algérie a ouvert ses portes hier. Cette usine, qui produit le Varenox, un anticoagulant inscrit auparavant dans la liste des produits pharmaceutiques importés, annonce.
Une nouveauté en matière de santé et de configuration dans le paysage pharmaco-industriel national.
La première usine de production de médicaments biosimilaires en Algérie a ouvert ses portes hier en présence du ministre de l’Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed. Cette unité implantée au sein du complexe de production pharmaceutique du laboratoire Frater Razes-Algérie annonce des changements importants dans le champ pharmaco-industriel algérien. Elle augure des tendances qui vont le marquer pour les prochaines années, témoin qu’elle est de l’intérêt des opérateurs du secteur en Algérie pour les produits de santé innovants.
Lors de l’inauguration de l’usine, située à Baba Ali, à l’ouest d’Alger, Lotfi Benbahmed a souligné le fait qu’il s’agit d’une « première expérience du genre dans notre pays » pour se lancer dans des « produits innovants à forte valeur ajoutée tout en s’orientant vers l’export ».
A cela, il faut ajouter l’atout de soustraire ces produits de la liste des produits achetés à l’étranger et qui alourdissent la facture déjà conséquente des importations des produits pharmaceutiques.
En effet, l’usine ouverte hier fabrique du Varenox, un anticoagulant utilisé contre la formation ou l’extension des caillots dans les vaisseaux sanguins. Ce produit est également utilisé à faible dose, dans le traitement préventif des accidents thromboemboliques et à forte dose, dans le traitement des thromboses veineuses et, en association avec l’acide acétylsalicylique, dans le traitement initial du syndrome coronarien aigu et de l’infarctus du myocarde, fait-on savoir.
A son sujet, le ministre chargé de la production pharmaceutique a fait savoir que le Varenox « était auparavant importé à 100% et coûtait au Trésor public près de 60 millions d’euros annuellement ».
Il a également indiqué que ce médicament est utilisé notamment dans le protocole de soin des personnes atteintes du virus Covid-19. « Cela nous permet d’assurer notre souveraineté sanitaire. Car pendant cette pandémie, tous les pays ont dû compter sur eux-mêmes », a-t-il souligné
Selon la présentation du PDG du laboratoire Frater Razes-Algérie, Abdelhamid Cherfaoui, la capacité de production de cette nouvelle unité est de 15 à 18 millions de seringues/an. « L’objectif est par la suite d’exporter vers les pays arabes, vers l’Afrique et pourquoi pas vers l’Europe. Cela est possible, car nous bénéficions de standards internationaux dans notre processus de production », a-t-il assuré. Il a, en outre, fait observer que la ressource humaine engagée dans cette nouvelle usine est « 100% nationale, diplômée d’universités algériennes ».
De son côté, le secrétaire général du laboratoire, Abderrahmane Boudiba, a évoqué l’idée de tournant ou de virage pour l’industrie pharmaceutique algérienne. « Le pays entre dans une nouvelle ère concernant la fabrication pharmaceutique, passant des médicaments chimiques aux médicaments issus de cellules vivantes », a-t-il relevé. Cela permettra, a-t-il expliqué, de fabriquer les médicaments localement sans avoir besoin de matière première et d’investir un créneau susceptible de faire de l’Algérie un pôle pharmaceutique à l’échelle africaine.
A titre indicatif, le médicament biologique ou biosimilaire représente aujourd’hui un marché en pleine expansion avec une part croissante des dépenses pour les soins. Selon des estimations récentes, ces dépenses ont avoisiné les 170 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2014 pour atteindre, selon des prévisions à confirmer, les 250 milliards d’euros de CA en 2020.
A titre de rappel, également, le chef de l’Etat, M. Tebboune, a affirmé lors d’un Conseil des ministres en août dernier que le marché du médicament en Algérie doit être adapté à une nouvelle approche économique. Il a donné des instructions pour accorder la priorité à l’augmentation de la production nationale de médicaments et réduire la facture d’importation de 400 millions de dollars d’ici à la fin de l’année en cours.