Le Maroc est largement perçu comme un rouage clé des stratégies occidentales en Afrique, et notamment comme un allié fidèle de la France. Selon les analyses présentées par JONATHAN BATENGUENE Universitaire Camerounais, dans un podcast d’Afrique Média (épisode accessible sur YouTube), ce royaume chérifien agit souvent comme un facilitateur des agendas impérialistes, à la fois sur les plans économique, militaire et politique.
Une construction géopolitique orientée par la France
Historiquement, le Maroc a été conçu comme un véritable instrument au service de l’impérialisme français. Dès le début du XXe siècle, Paris a imposé son choix de leadership dans le pays, installant Moulay Youssef comme sultan en 1912, après avoir écarté ses opposants. Cette mainmise française a consolidé une relation asymétrique qui perdure jusqu’à nos jours.
Les accords économiques et militaires entre les deux pays illustrent cette dynamique. Par exemple, le système bancaire marocain, dominé par des institutions comme Attijariwafa Bank, est largement financé par des capitaux français. De même, une partie importante de l’équipement militaire français est produite au Maroc, ce qui renforce son rôle de plaque tournante pour les intérêts occidentaux.
Une élite sioniste au cœur du projet marocain
Une autre dimension critique du rôle du Maroc réside dans l’influence de son élite sioniste, particulièrement active dans les cercles économiques et politiques. Cette élite, en grande partie issue de la diaspora juive marocaine, joue un rôle stratégique dans la consolidation des intérêts occidentaux en Afrique. Par le biais d’alliances et de réseaux internationaux, elle contribue à promouvoir les projets de domination, notamment en facilitant les relations entre le Maroc et Israël.
L’implication de groupes comme Attijariwafa Bank est emblématique. Bien qu’elle soit présentée comme une institution marocaine, ses capitaux sont majoritairement français et incluent des liens étroits avec des dynasties financières comme Rothschild. Elle opère comme un pont financier pour les intérêts européens en Afrique de l’Ouest. Ce double jeu économique et géopolitique fait d’Attijariwafa Bank un outil clé pour les ambitions marocaines et occidentales dans la région.
Le projet du « Grand Maroc » : un agenda expansionniste
Le Maroc ne se contente pas de servir les intérêts français; il poursuit activement ses propres ambitions géopolitiques via le projet du « Grand Maroc ». Cette vision expansionniste inclut le Sahara occidental ainsi que la Mauritanie, que Rabat prétend appartenir à son territoire historique. Selon les intervenants du podcast, ce projet est soutenu par des alliances stratégiques avec les puissances occidentales et israéliennes.
Les liens étroits entre le Maroc et Israël, notamment depuis la normalisation diplomatique de 2020, renforcent cette dynamique. Une élite sioniste d’origine marocaine jouerait un rôle de premier plan dans les stratégies coloniales en Afrique, consolidant l’image du Maroc comme un acteur pivot dans les projets occidentaux de domination.
La rivalité avec l’Algérie
En opposition frontale au Maroc, l’Algérie s’est toujours démarquée comme un bastion anti-impérialiste. Depuis son indépendance en 1962, Alger a incarné les idéaux de libération et de solidarité panafricaine, soutenant activement les mouvements de libération sur le continent. Cette posture contraste fortement avec celle du Maroc, accusé de jouer un rôle de « cheval de Troie » pour les puissances coloniales.
La question du Sahara occidental illustre cette rivalité. Le Maroc revendique ce territoire comme partie intégrante de son royaume, tandis que l’Algérie soutient sans relâche le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Cette divergence reflète deux visions inconciliables pour l’avenir du Maghreb : l’une, sous l’hégémonie marocaine et alignée sur les intérêts occidentaux, et l’autre, portée par Alger, qui prône une région décolonisée et souveraine.
L’impact sur l’Afrique de l’Ouest
Le Maroc étend son influence au-delà du Maghreb, notamment en Afrique de l’Ouest, où il est accusé de faciliter l’implantation des puissances occidentales. Des projets comme l’opération Safari, une campagne d’espionnage visant à neutraliser les leaders panafricanistes dans les années 1970 et 1980, incarnent cette stratégie. Aujourd’hui, Rabat continue de collaborer avec des régimes pro-occidentaux, tels que celui d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire, pour renforcer sa position.
Des alternatives pour un futur panafricain
Face à ces enjeux, le podcast insiste sur la nécessité pour les États africains de résister aux pressions occidentales et de renforcer leur souveraineté. L’Algérie, avec son modèle de diplomatie souveraine et ses investissements dans les infrastructures, est citée comme un exemple à suivre. Des projets comme les pipelines transnationaux reliant le Mali, le Niger et l’Algérie pourraient transformer la région en un hub énergétique indépendant.
Les États africains doivent éviter de se laisser séduire par les « solutions faciles » offertes par des acteurs comme le Maroc, souvent au détriment de l’intérêt collectif panafricain. Au lieu de cela, ils devraient chercher à promouvoir une coopération fondée sur le respect mutuel et les aspirations partagées.
Pour approfondir ces réflexions, le podcast complet est disponible sur Afrique Média.
Hope&ChaDia