Kamel Daoud, écrivain connu et ancien lauréat du Prix Goncourt, est au centre d’une controverse qui révèle les dynamiques complexes de l’adaptation de certains intellectuels à des contextes de pouvoir qui, paradoxalement, renforcent des discours oppressifs. L’analyse d’Alina Reyes, sur sa chaîne “La Parisienne”, met en lumière comment Daoud, autrefois perçu comme une voix critique au sein du monde littéraire, incarne désormais une forme de collaboration intellectuelle qui, de manière troublante, passe de l’islamisme au soutien de courants idéologiques totalitaires.
Reyes débute par rappeler que l’on peut et que l’on doit critiquer sa propre culture, mais jamais avec la complaisance de ceux qui cherchent à la dominer. Selon elle, Daoud a cédé à cette tentation, alignant sa critique des sociétés arabo-musulmanes sur les attentes des puissants en France. L’élite française, explique Reyes, préfère ceux qui fustigent leur propre peuple, tant que cette critique s’aligne avec l’agenda de ces élites.
Un autre aspect souligné par Reyes est la violence physique passée de Daoud, souvent passée sous silence en France. Condamné en Algérie pour coups et blessures avec arme, ce passé contraste avec l’image de féministe qu’il tente de projeter. Reyes souligne que ses discours sur “la femme” essentialisent les femmes en les réduisant à des archétypes figés. Cette essentialisation, selon elle, ne diffère guère du regard réducteur porté par les courants fondamentalistes qu’il dit critiquer. Daoud semble avoir troqué l’islamisme pour un discours tout aussi rigide, marqué par une exclusion et un mépris qui résonnent avec une forme de fascisme culturel.
Le point culminant de cette critique réside dans l’histoire de Saada, une femme algérienne victime d’un attentat terroriste, dont l’intimité a été violée lorsque Daoud a utilisé son histoire personnelle pour un roman sans son consentement. La femme, suivie par la seconde épouse de Daoud, a vu ses confidences médicales trahies et transformées en matière littéraire, exposant ainsi une exploitation indécente de sa douleur. Reyes souligne le cynisme de Daoud qui, sous couvert de “rendre la voix aux Algériennes”, a en réalité violé leur intimité pour se parer d’un vernis de défenseur de la cause féminine.
Alina Reyes conclut en établissant un parallèle entre le comportement de Daoud et le schéma du fascisme culturel, où l’identité et la dignité des opprimés sont exploitées pour le bénéfice personnel et l’approbation des structures de pouvoir. En soutenant des idées telles que l’ultra-sionisme sans condamner les exactions actuelles, Daoud, selon Reyes, continue à participer à des dynamiques de pouvoir où la soumission aux idéologies dominantes prime sur toute sincérité intellectuelle.
En somme, Reyes révèle comment Daoud, à travers ses écrits et ses positions publiques, passe d’un fascisme l’autre. D’abord fervent islamiste, puis critique des siens, il semble aujourd’hui avoir trouvé sa place parmi les intellectuels qui renforcent des récits oppressifs sous couvert de critique culturelle.
Pour un récit plus complet de cette analyse percutante, rendez-vous sur le podcast d’Alina Reyes sur sa chaîne La Parisienne, ainsi que sur son blog et son portrait vidéo ici.
Hope&Chadia