Brahim Takheroubt / lexpression.dz
Après le coup d’éclat diplomatique d’un Sommet arabe exceptionnel organisé, en novembre dernier à Alger, le président de la République place la barre plus haut. Abdelmadjid Tebboune a annoncé la tenue, en juin prochain, d’une réunion restreinte des non-alignés. Une annonce qui braque déjà les feux de l’actualité internationale sur l’Algérie qui retrouve son rôle de coeur battant des pays non alignés. La réunion intervient, en effet, dans un contexte mondial très particulier marqué par une redistribution des cartes géopolitiques et géostratégiques. La guerre en Ukraine qui a ébranlé bien des certitudes occidentales puis survient un autre évènement qui fausse toutes les projections d’une suprématie durable de ce même Occident. Le rétablissement des relations diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie saoudite a eu l’effet d’un terrible séisme qui redessine de fond en comble la cartographie diplomatique internationale. Si le monde a évolué dans une unipolarité depuis la chute du mur de Berlin en 1989, ces deux évènements, la guerre en Ukraine et le dégel entre l’Iran et l’Arabie saoudite, amorcent les prémices d’un retour à une toute autre dynamique. L’hypothèse d’une nouvelle bipolarité opposant les Etats-Unis à la Chine et une éventuelle alliance Chine-Russie, est plus que probante. Il faut donc jouer des coudes sur l’arène internationale où il n’est pas évident d’avoir droit au chapitre. L’Algérie a les moyens de s’offrir une place de choix. Ilôt de stabilité sécuritaire, politique et économique dans la région d’Afrique du Nord, elle est dotée d’une armée équipée et bien formée et elle jouit d’une grande expérience dans la lutte antiterroriste tant nécessaire pour contrer les menaces multiples qui viennent du Sahel. Sans compter le gaz qui est son atout majeur. Affolés par la guerre en Ukraine, les Occidentaux se tournent vers d’autres ressources pour s’affranchir de la dépendance du gaz russe. Dans ce jeu de recompositions autour du gaz, l’Algérie possède un levier diplomatique et stratégique qu’elle entend préserver. Ce sont les cartes gagnantes de l’Algérie et des éléments suffisants pour tirer son épingle du jeu dans les grands remaniements qui affectent le nouveau monde. À ce titre, le chef de l’État a imprimé à la fois du réalisme et du pragmatisme à sa politique étrangère. Les actions du président Tebboune ne sont pas que des combats pour le panache et sans lendemain. Ce sont des actions mûrement réfléchies. Il place la barre toujours plus haut.
