«L’Histoire nous a séparés; elle nous a opposés; elle nous a déchirés; elle nous a meurtris. Et parfois, dans la nuit de nos souvenirs, cette Histoire vient encore nous hanter. Mais j’ai la conviction que la géographie et l’avenir ne peuvent que nous rassembler (…) Cette conviction est simple: c’est que le destin de nos deux nations est intimement lié, ne serait-ce que par l’intensité, l’imbrication de nos liens humains et familiaux. Et face aux crises, notamment celles qui déstabilisent le Sahel, face aux défis sécuritaires, face à l’urgence climatique, face aux enjeux migratoires. J’ai une conviction, c’est que nous avons besoin l’un de l’autre.» Ces mots d’une justesse à susciter un méditation profonde sur le passé, le présent et l’avenir de deux nations, sont de l’ambassadeur de France, Stéphane Romatet. Le diplomate qui a supervisé dans sa résidence, la Villa des Oliviers, à El Biar, le déroulement de la fête nationale française du 14 juillet ne croyait pas si bien dire. Cette déclaration d’amour pour son pays d’origine et le pays où il exerce une fonction bien particulière a, aux yeux des présents, Français, Franco-Algériens et Algériens rehaussé la fête, dont des invités de marque étaient présents.
En cette occasion, le diplomate souhaita la bienvenue à ses hôtes dans les deux langues nationales que sont l’arabe et le tamazight. «Massa El Khir wa marhaba bikoum, Azzoul Fellawen», lança-t-il à l’assistance qui fut séduite par cette marque de respect. Stéphane Romatet entama alors son discours, en indiquant qu’il célébrait pour la première fois le 14 juillet en Algérie. Le diplomate français a été d’une grande franchise:«Oui, en tout cas je peux vous le dire, assurément, la France a besoin de l’Algérie.» Et de poursuivre: «Nous avons tant à faire ensemble entre Algériens et Français. Nos deux pays regardent l’un vers l’autre en permanence. Nous avons d’ailleurs un atout unique qui est le trésor de cette relation exceptionnelle: c’est une communauté immense d’entrepreneurs, de créateurs et de jeunes talents. Ils ont un pied ici, un pied là-bas, juste de l’autre côté de la Méditerranée si proche.» Sûrement, ce discours à haute teneur unificatrice et stabilisatrice des relations entre les deux pays, apaise et rassure, surtout qu’il est prononcé dans un contexte mondial et régional empreint de tensions et d’enjeux inédits. Ainsi, bien des aspects de la brûlante actualité ont été courageusement abordés par Stéphane Romatet. Notamment la question palestinienne, avec en point focal Ghaza la martyre. L’orateur évoquera alors des responsabilités assumées «ensemble» face aux crises qui déchirent le monde. De même qu’il n’occultera pas la question mémorielle. Soit le dossier qui marque le rapprochement entre les deux présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, et dont le point d’orgue a été l’engagement de la France, le 26 juin 2020, à restituer les ossements de 24 chouhada de la résistance et de la glorieuse Révolution de libération nationale. Ces restes ont été solennellement enterrés en 2020 au Carré des martyrs du cimetière El Alia, à Alger, et un hommage leur avait été réservé dans le cadre du 58e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie.
C’est donc dans une phase de refondation des relations entre les deux pays que Stéphane Romatet vient de célébrer la fête nationale française à la faveur de laquelle il a exprimé toute sa reconnaissance aux Algériens: «Et ici, je le sais maintenant, chaque rencontre en Algérie est toujours une promesse. Je voulais aussi vous remercier pour la place, le rôle que vous tenez dans cette relation, chacun dans votre domaine. Je mesure depuis que je suis ici combien cette relation est d’une unique proximité, d’une densité à nulle autre pareille.»
https://www.lexpressiondz.com/nationale/la-france-a-besoin-de-l-algerie-383672