Zéro! Vendredi dernier, le bilan quotidien des contaminations à la Covid-19 n’a fait état d’aucun décès. Une première depuis le début de la pandémie. Certes, il faut s’attendre à voir de nouvelles victimes emportées par ce terrible virus, mais ce chiffre symbolise la nette amélioration de la situation sanitaire en Algérie. Depuis une semaine, les chiffres sont descendus à un niveau comparable à celui du début de cette épidémie. On a enregistré une baisse considérable avec une moyenne d’à peine 30 cas par jour, ce qui représente 1% du pic des infections. Les Algériens retrouvent donc petit à petit une vie presque normale. Les professionnels de la santé, eux, peuvent enfin respirer! «Les services dédiés à la Covid-19 sont quasiment vides. Même la RÉA ne connaît pas un grand flux de malades», confirment la majorité des médecins interrogés. Un «répit» qui permet à de nombreux services, transformés en centres d’accueil «Corona», de retrouver leur vocation initiale. C’est le cas, notamment, de la chirurgie générale. Les opérations non urgentes ont repris de plus belle, au grand bonheur des malades qui étaient en attente depuis plusieurs mois. Est-ce la fin du cauchemar, deux ans après l’apparition des premiers cas dans le pays? Nous n’en sommes pas encore là. Le virus est toujours parmi nous. Rien ne dit que de nouveaux variants ne vont pas nous faire revenir encore à la case départ. Néanmoins, qui aurait-imaginé, il y a à peine un mois, que l’on puisse retrouver la joie de vivre sans la peur de la Covid-19? Qui aurait parié un centime sur un Ramadhan «normal», loin des restrictions des deux dernières années? Le «tsunami» de l’Omicron laissait craindre le pire, surtout qu’il intervenait à un moment de grand relâchement dans le pays. Mais force de constater que les décisions prises en haut lieu ont permis de «surfer» sur cette 4ème vague sans gros dégâts.
La méthode algérienne…
Il faut reconnaître que la décision courageuse prise par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, de fermer les écoles pour deux semaines, a permis de couper la chaîne des contaminations. On aura vécu trois semaines très difficiles, mais on s’en est sorti beaucoup mieux que de nombreux pays, pourtant plus développés. Moins de victimes humaines et…économiques! Un constat valable aussi pour les trois premières vagues, car, à l’heure du bilan, il faut reconnaître que l’Algérie aura globalement bien géré cette crise sanitaire. La fermeture des frontières décidée lors de la première vague, aura permis d’éviter l’hécatombe qu’ont connus l’Europe, les Etats-Unis ou encore le Brésil. Il faut rappeler que l’Algérie est l’un des seuls pays au monde à ne pas avoir recouru au «confinement total». Il s’agissait plus de couvre-feu dont les horaires ont évolué en fonction de la situation sanitaire. Seule la wilaya de Blida a été «isolée», avec la possibilité de circuler pendant quelques heures durant la journée. De nombreux experts ou de pays étrangers avaient critiqué la «méthode algérienne», avant d’y recourir quelques mois après. Evidemment, tout n’a pas été rose. On pense, notamment, à certaines activités qui ont été les victimes collatérales de cette pandémie. Elles ont été arrêtées depuis plusieurs mois. Toutefois, le pays, qui était déjà frappé par une grave crise économique, n’est pas allé à la banqueroute que beaucoup prédisaient. Le seul véritable reproche que l’on puisse faire aux autorités sanitaires concerne la gestion de l’oxygène lors de la troisième vague.
«Oxigénivore», le variant Delta a provoqué l’été dernier une grave crise de l’oxygène médical. Les défaillances en la matière ont été mises à nu. Cependant, le gouvernement, qui venait d’être nommé, a rapidement mis en place un plan d’urgence. La production nationale de cet élément vital a vite été augmentée. La diplomatie algérienne a également été enclenché afin de solliciter des «pays amis» comme la Chine. Des appareils d’oxygénothérapie ont été offerts et nos commandes ont été «priorisées».
L’adhésion populaire
Toutefois, sans l’implication de tous, cette vague nous aurait véritablement décimés. Bien évidemment l’on pense au personnel médical qui s’est battu sans relâche durant ces deux ans. Dans certains cas, il aura même recouru au «système D» afin d’alimenter les patients en oxygène. Les producteurs ont eux aussi, joué le jeu, en augmentant très rapidement leurs productions. Mais la palme revient aux citoyens qui ont enclenché un véritable élan de solidarité pour que leurs compatriotes puissent respirer. Qu’ils soient en Algérie ou à l’étranger, ils ont réussi en quelques jours, l’exploit de ramener des milliers d’appareils d’oxygénothérapie qu’ils ont offert gracieusement aux malades. Une belle image d’union et de fraternité qui prouve encore une fois que ce peuple est unique, car on aura beau critiqué le relâchement de certains mais quand il a fallu réagir, ils l’ont fait. Dans les moments les plus difficiles de l’épidémie, ils se sont tout naturellement soumis aux restrictions sanitaires décidées par le gouvernement. Masques et distanciation sociale ont refait leur apparition à chaque fois que la situation sanitaire s’est dégradée. Ils se sont soumis, sans broncher, aux décisions contraignantes de l’Exécutif telles que le couvre-feu ou la fermeture des commerces. Certains l’ont même fait de leur propre gré, alors que d’autres les ont ardemment réclamée. Durant ces deux ans, il n’y aura eu ni marche et encore moins de mouvement contre les «restrictions sanitaires». Cela au moment où dans des pays, que l’on dit avec une plus grande conscience populaire, c’était la guerre! Quoi que l’on dise, les Algériens ont fait preuve de citoyenneté durant cette crise sanitaire. C’est grâce à leur adhésion que l’on peut désormais envisager un avenir meilleur, loin de la «Covid-19»…
Walid AÏT SAÏD
lexpression.dz