Par le Dr Belouchrani Amel Souhila(*)
L’intelligence artificielle (IA) est définie comme étant un processus d’imitation de l’intelligence humaine reposant sur la création et l’application d’algorithmes exécutés dans un environnement informatique dynamique. Son but est de permettre à des ordinateurs de penser et d’agir comme des êtres humains. Dans le contexte de l’agriculture, l’IA peut penser et agir comme un agronome, un chercheur en génie de l’environnement ou tout court comme un scientifique.
Et donc l’IA peut jouer un rôle très important dans l’agriculture algérienne par l’optimisation de la production et des rendements agricoles, et cela par analyse des données agricoles, telles que les paramètres du climat, entre autres, la pluviométrie et les températures (ces deux paramètres sont des facteurs limitants de la production agricole), l’analyse des caractéristiques des sols, le développement des cultures, et fournir des recommandations précises sur les pratiques culturales, la gestion des cultures et les plans de fertilisation. Toutes ces analyses vont nous permettre de produire en protégeant l’environnement de la pollution des sols, de l’atmosphère et des nappes d’eau ; ces analyses via l’IA vont nous permettre une gestion plus efficace des ressources.
En utilisant des capteurs et des systèmes d’irrigation intelligents, l’IA peut surveiller, en temps réel, les besoins en eau des cultures et ajuster l’irrigation en conséquence, ce qui peut économiser de l’eau, vu que l’Algérie vit, ces dernières années, une sécheresse à cause du changement climatique, et, par conséquent, réduire les coûts.
Concernant la prévention des maladies et des ravageurs, l’IA peut détecter précocement les maladies des plantes et les infestations de ravageurs grâce à l’analyse d’images par satellite ou par l’utilisation de capteurs. Ce qui permettra une intervention rapide et ciblée, réduisant ainsi la quantité des pesticides et des insecticides à utiliser.
L’IA peut être utilisée pour fournir des informations agricoles pertinentes aux agriculteurs, par des applications mobiles. Ces dernières peuvent fournir des conseils sur les pratiques agricoles et culturales, les prévisions météorologiques, et les prix des cultures.
Cela dit, certains jeunes agriculteurs universitaires utilisent déjà ces applications, d’autres agriculteurs, soucieux de rentabiliser leur production agricole, font appel à des étudiants en fin de cursus pour les aider à développer telle ou telle application, ce qui prouve que l’agriculteur algérien est déjà apte à utiliser l’IA.
Un autre rôle primordial de l’IA, elle peut être utilisée pour analyser de grandes quantités de données agricoles et fournir des informations précieuses aux chercheurs et aux décideurs. Cela peut aider à la prise de décisions éclairées concernant les pratiques et les politiques agricoles et les investissements dans le secteur agricole, elle peut même aider à prédire des rendements agricoles en fonction des changements climatiques.
Cependant, il est important de souligner que l’utilisation de l’IA dans l’agriculture en Algérie peut nécessiter des infrastructures appropriées, des ressources financières et une formation pour les agriculteurs.
Il est également important de prendre en compte les réalités du terrain, les connaissances traditionnelles et l’adaptabilité des solutions basées sur l’IA aux contextes spécifiques.
L’Algérie est en effet confrontée à des défis en raison du changement climatique et de la sécheresse, donc l’IA peut être exploitée dans l’irrigation intelligente par optimisation de l’irrigation dans les zones arides en analysant les données climatiques, les caractéristiques du sol et les besoins spécifiques de chaque culture. Dans ce cas, l’IA va nous permettre de déterminer le moment optimal pour l’irrigation et la quantité d’eau requise, ce qui peut contribuer à une utilisation plus efficace de l’eau et à des économies d’énergie.
Concernant les cultures, le rôle de l’IA intervient dans l’identification des cultures qui sont les mieux adaptées aux conditions des zones arides et/ou semi-arides de l’Algérie. En analysant les données sur la résistance à la sécheresse, ainsi que les besoins en eau des différentes cultures, l’IA peut recommander les cultures les plus appropriées pour maximiser les rendements dans ces zones.
L’intelligence artificielle est un acteur très important dans l’agriculture et la mise en valeur des sols algériens, elle contribue à réduire les pertes, à minimiser l’impact environnemental et à améliorer la rentabilité des exploitations agricoles.
L’agriculture et l’IA donnent naissance à l’agriculture intelligente. Dans un avenir proche, l’agriculture traditionnelle, l’agriculture biologique et l’agriculture de conservation vont laisser place à l’agriculture intelligente. Il serait intéressant et judicieux d’introduire dans les programmes scolaires le concept de l’agriculture intelligente.
B. A. S.
(*) Enseignante-chercheure à l’ENSA.
amelbelouchrani@yahoo.fr
lesoirdalgerie.com
