“Nahnou m3a al falestine dhalima wala madhlouma”
Cette citation du président Houari Boumediène résume à elle seule l’histoire et l’âme du peuple algérien, qui excècre foncièrement la hogra. Elle n’est pas, comme certains esprits retors voudraient la tourner, un blanc-seing pour des exactions de la part des Palestiniens, mais une affirmation du droit de ce peuple frère et, par extension, de tout peuple, à répondre à toute agression et occupation de leur territoire.
Elle n’est, en définitive, que la traduction, une autre formulation du principe de légitime défense, et s’inspire de l’histoire de l’Algérie et de sa longue lutte d’indépendance. Il s’agit là non seulement d’un droit mais d’un devoir.
C’est pourquoi les Algérien(ne)s, ce peuple unique, ont consacré les causes palestinienne et sahraouie en les gravant au frontispice de leur Constitution. Qui d’autre l’aurait fait ?
Palestine et Sahara Occidental, même destin même combat
Les similitudes sont en effet frappantes.
1. Une colonisation sous couvert de « droit historique au retour » :
On ne peut s’empêcher de faire un parallèle avec la mal-nommée « marche verte » (encadrée par l’armée marocaine) et les vagues de colons juifs déferlant en Palestine et s’accaparant les terres des Palestiniens au prétexte que celle-ci leur appartenait dans un passé mythique.
On notera, au passage, l’ironie et le cynisme d’une telle appellation, qui voudrait nous faire accroire à une paisible promenade bucolique organisée pour découvrir la flore du Sahara Occidental.
« La marche rouge sanglante » nous semble bien plus appropriée pour qualifier ce hold-up à main armée. Car Hassan 2 ne promettait rien moins qu’un bain de sang aux résistants Saharaouis.
« We will eat them » retorquait-il au journaliste qui évoquait une possible réaction de ces derniers, se sentant soudain une audace et une hardiesse léonines face à cette résistance aux faibles moyens.
En revanche, il se proposait d’offrir le thé aux éventuels soldats Espagnols qui se trouveraient sur les lieux.
L’argument invoqué par le Makhzen est qu’il y aurait, dans un passé plus ou moins lointain, de supposés liens de subordination. On avance ainsi que certains chefs de tribus sahraouis auraient prêté allégeance au sultan du Maroc.
Soit, admettons. Si on suit cette logique, alors, par exemple, le Pape serait en droit de revendiquer toute l’Europe puisque la plupart des Souverains du Moyen Âge lui avaient prêté allégeance.
Or, c’est précisément afin de prévenir tout conflit entre états, à l’instar de celui du Sahara Occidental, que l’OUA a inscrit en lettres d’or dans sa charte le principe d’intangibilité des frontières héritées du colonialisme.
Ainsi, ce slogan « le sahara dans son Maroc et le Maroc dans son sahara » (élevé en dogme par le makhzen au même titre que la sacro-sainte trinité des chrétiens et qu’il n’est pas question de remettre en cause sous peine d’excommunication) est relégué au rang de slogan publicitaire creux par la position ferme et constante de l’UA.
Combien même, et au-delà de cette position de principe, le bon sens commande que l’on ne peut se prévaloir d’un prétendu lien historique quel qu’il soit pour coloniser une terre CONTRE LE CONSENTEMENT du peuple qui l’a TOUJOURS occupée.
Que l’on se figure un instant le chaos qui régnerait alors sur terre s’il prenait l’envie d’un dirigeant de revendiquer un territoire au prétexte qu’il y aurait eu, à une certaine époque, une quelconque relation (de subordination ou que sais-je encore) avec les habitants ou plutôt avec les dirigeants de ce territoire (les populations étant en effet rarement consultées en la matière).
Par ailleurs, cet argument de la prétendue allégeance des Saharouis au sultan marocain de l’époque plaide justement en défaveur de la thèse de la « marocanité » du Sahara Occidental puisque le makhzen reconnait ainsi implicitement qu’il s’agit d’un AUTRE peuple.
2. Le fait accompli avec une colonisation sauvage à peine dissimulée sous le vocable fallacieux de marche verte et grâce à la complicité de certaines puissances.
Il y a toutes les apparences que le Maroc a non seulement bénéficié du soutien de l’OTAN (notamment de la France), mais il a également été poussé à envahir le Sahara Occidental, car il ne faisait aucun doute pour cette organisation que ce pays, en accédant à son indépendance, se rangerait du côté des non-alignés, voire épouserait l’idéologie des pays socialistes, tels l’Algérie. D’ailleurs des sources proches du dossier révèlent qu’Hassan 2 n’était pas particulièrement favorable à cette annexion.
Par ailleurs, nul n’ignore que tout pays qui en envahirait un autre sans l’aval des grandes puissances s’exposerait à des sanctions. On se souviendra de l’épisode Koweïtien de Sadam Hussein et la coalition mondiale qui s’est abattue sur son pays telle une meute de hyènes.
Du reste la France ne pouvait rater une occasion de se venger d’une Algérie qui l’avait humiliée à la face du monde, sachant pertinemment que nous serions inévitablement amenés à porter assistance aux saharaouis suivant les principes révolutionnaires de notre jeune république et de son soutien inconditionnel aux peuples opprimés.
3. Une politique d’expansion territoriale :
Le “grand Maroc” et le ” grand Israël”, khawa khawa.
4. Les murs de la honte érigés en Palestine et au Sahara Occidental, et conçus, par des ingénieurs de Tsahal.
5. Les drapeaux palestiniens et saharaouis sont très similaires.
6. Le lobbying ultra actif des diverses officines de l’entité sioniste et du makhzen auprès de différentes institutions et de pays tiers.
7. Le soutien indéfectible de puissances étrangères rejetant les résolutions de l’ONU contre le Maroc pour violation des droits de l’homme :
– Palestine : soutien inconditionnel des États-Unis et de la France à l’entité sioniste.
– Sahara Occidental : soutien systématique de la France au royaume alaouite.
8. La cause palestinienne :
Vue par le Maroc :
– Le Royaume chérifien a aidé Israël à gagner la guerre. Voir vidéo youtube :
https://www.youtube.com/watch?v=UQeV7nMjGgo&feature=share )
– le nom de Hassan 2 a été donné à une rue au centre d’Israël
– le Maroc a permis au sionistan d’entrer comme membre observateur de l’UA.
Vue par l’Algérie :
– l’Algérie a permis à la Palestine d’entrer comme membre observateur de l’UA.
– Notre pays a enregistré de hauts faits d’armes dans la guerre contre Israël
– par son ministre des affaires étrangères, Abdelaziz Bouteflika, l’Algérie a permis de porter la cause Palestinienne à la connaissance de la communauté internationale, en offrant à Yasser Arafat, pour la 1ère fois de l’histoire, une tribune devant l’assemblée des nations unies.
– une rue porte le nom de Abdelaziz Bouteflika en Palestine (Cisjordanie)
– l’Algérie a protégé d’un bombardement israélien un sommet pour la cause palestinienne regroupant les dirigeants palestiniens, qui se tenait à Tunis, en envoyant ses Mig intercepter des chasseurs de l’entité. Voir article :
– l’Algérie soutient financièrement la Palestine. Elle est un contributeur assidu, qui n’a jamais failli à son devoir même en période de difficultés financières.
9. La cause Saharoui :
– Israël soutient le Maroc dans le conflit et l’aide militairement (formation, renseignements, etc). Rien d’étonnant en cela à ce qu’un pays colonisateur en soutienne un autre.
– l’Algérie a permis au Sahara Occidental d’entrer comme membre fondateur de l’UA.
– l’Algérie héberge et soutient financièrement les réfugiés sahraouis.
Quand le mensonge prend l’ascenseur, la vérité prend l’escalier, elle met plus de temps mais elle finit toujours par arriver.
En ce qui concerne la normalisation du royaume de l’Ouest avec l’entité, nous estimons que c’est au peuple marocain de se positionner sur la question. Nous restons sur ce point fidèles à notre politique de non ingérence dans les affaires internes des pays tiers. Cependant nous nous réservons le droit de répondre aux multiples attaques et trahisons du makhzen, désormais ostensiblement hostile.
Or ces attaques et trahisons ne datent pas d’hier. D’aucuns la font remonter jusqu’à l’époque numide lorsque Bocchus livra Jugurtha aux Romains avec qui ce dernier était en guerre.
Ces exemples ne manquent pas dans l’histoire des deux nations et n’ont jamais cessé, et cela, il faut le souligner, bien avant l’existence de l’affaire sahraoui : émir Abdelkader trahi par le sultan de l’époque, la participation des goumiers marocains aux exactions des troupes françaises durant l’occupation, l’agression sournoise de 1963, etc. L’histoire même de l’établissement et de la création du royaume alaouite a été bâtie sur des mensonges, des perfidies et de véritables massacres pour ne pas dire génocides.
Le peuple marocain est bien loin d’avoir connaissance de tous ces faits et réalités historiques. Matraqué de mensonges du makhzen qui lui enseigne une toute autre version, il n’est malheureusement pas conscient de cet endoctrinement.
C’est pourquoi nos médias, avec la participation de nos historiens, doivent contribuer à rétablir ces vérités longtemps occultées ou déformées en diffusant des programmes didactiques pour les porter à l’attention non seulement du peuple marocain mais aussi une partie de nos compatriotes ignorante des graves enjeux, ainsi qu’à l’attention des publics arabes et du reste du monde.
Il s’agira en outre d’associer systématiquement et lier ensemble le conflit du Sahara Occidental et la cause palestinienne à chaque évocation des 2 problèmes. De la même manière, ces causes doivent être promues et rappelées à l’occasion de manifestations sportives, etc, régionales et internationales.
A cet égard, nous invitons notre diplomatie à ne ménager aucun effort pour faire participer nos frères et soeurs sahraouis et palestiniens à des manifestations internationales, et par ailleurs à organiser, sur le territoire nationale et chez des pays amis (en Afrique, Asie, Amérique latine), des épreuves sportives, des concours ou festivités (arts culinaires, arts plastiques, cultures, chants, danses, cinéma, littérature, etc) afin de les faire connaître et de leur donner le plus de visibilité.
Quelques mauvais esprits nous demanderont : “Qu’a-t-on à y gagner ?”. Nous leur dirons que la question doit être posée en d’autres termes : “Qu’y perdrions-nous ?”. Nous y perdrions notre dignité et notre fierté, celles héritées de nos glorieux martyrs. Tant que l’Algérie vivra, les causes justes ne seront ni sacrifiées ni oubliées.
