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Le portrait : Amel Mokrani, les passions d’une forestière

by Toufan
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Manifestement, passer une journée de travail en compagnie du conservateur divisionnaire des forêts Amel Mokrani, cheffe de bureau des incendies et des maladies parasitaires au niveau de la conservation des forêts de Tipasa, est loin d’être une sinécure.

Son bureau, croulant sous des piles de dossiers et de rapports, donne en quelque façon un aperçu sur son agenda professionnel qui alterne variablement sorties sur le terrain et tâches administratives. « Vous savez, dans nos missions le travail administratif est aussi important que les interventions en cas de sinistres entres autres, car les deux tâches sont complémentaires » tient à préciser Amel Mokrani qui face à l’écran de son ordinateur apporte les toutes dernières statistiques sur la base de données relative à la campagne anti-incendie à travers la wilaya de Tipasa. « Il ne s’agit pas uniquement d’un bilan ordinaire, la base de données comprend également d’autres indicateurs, telle que la localisation géographique des espaces parcourus par le feu, nécessaires afin d’établir une étude analytique la plus précise possible, devant nous permettre d’élaborer des solutions optimales pour une meilleure régénération par exemple » souligne-t-elle.
« La forêt est un univers merveilleux »
Son histoire avec le monde de la forêt est pour ainsi dire un conte, dont le prologue remonte à son enfance à Tigzirt, sa ville natale. « J’ai toujours vécu auprès de la forêt. C’est un univers merveilleux qui m’a fasciné dès mon très jeune âge. La forêt de Mizrana a été pour moi, plus qu’un terrain de jeu. C’était un lieu à explorer. Ses arbres, leurs cortèges floraux et les animaux qui y prospèrent ont toujours attisé ma curiosité» se remémore-t-elle avec nostalgie. Et de révéler : « Ma famille a toujours gardé un lien viscéral avec la forêt, et ce depuis plusieurs générations. Elle était comme une mère nourricière. Ma grand-mère et mon père me racontent dès mon enfance des histoires sur la forêt. Des histoires souvent inspirées du vécu de nos aïeuls, dont le mode de vie était forgée par cette relation ». Avant même de décrocher son bac avec brio, Amel savait déjà quelle spécialité suivre à l’université. « Sans réfléchir j’ai opté pour un ingéniorat en biologie, spécialité écologie et environnement. Durant les cinq années de mon cursus je me suis donnée à fond pour apprendre le maximum de ce monde captivant » affirme Amel Mokrani. Durant son cycle long d’études universitaires, elle s’est forgée un caractère de leader et un charisme d’entre les autres étudiants. « J’avais un esprit entreprenant. Dès la première année j’étais désignée comme déléguée de ma section. Une responsabilité que j’ai assumée durant tout mon cursus. C’était une tâche plus au moins difficile, d’autant qu’il faut organiser et gérer les sorties sur le terrain qui durent jusqu’à 15 jours. Ce fut un défi quotidien pour moi » se rappelle-t-elle.
Début de la carrière professionnelle en 2005
Une fois le diplôme en poche, elle a postulé en 2005 pour un poste de travail à la conservation des forêts à Tipasa. « J’ai entamé ma carrière professionnelle avec un poste en pré-emploi en 2005. L’essentiel pour moi à cette époque est de découvrir ce monde dans lequel on a la responsabilité de protéger et de veiller sur la forêt » indique Amel. Son supérieur de l’époque, le conservateur principal Mohamed Djemmal, chef de service de la protection de la faune et de la flore à la conservation des forêts de Tipasa, se souvient parfaitement de son recrutement. « Elle venait juste de décrocher son diplôme et la voilà intégrée un service réputée de tradition être la chasse gardée de la junte masculine, car tous ses éléments sont mobilisables à tout moment pour affronter les flammes» se remémore le conservateur principal Mohamed Djemmal. « Dès son recrutement elle a fait montre d’un dynamisme soutenu, mais surtout d’une curiosité débordante. Elle commence d’ailleurs ses discussions par des questions » remarqua-t-il. il lui a suffit quelques mois, pour prendre ses repaires et marquer ses collègues par son esprit d’initiative, à telle enseigne que ses responsables hiérarchique lui confièrent des missions qui nécessite normalement une expérience. « Amel Mokrani comblait à l’époque son manque d’expérience par d’autres qualités aussi importantes. Elle agit souvent par anticipation et propose des idées pertinentes pour remédier à des problèmes techniques » reconnait le dernier vis-à-vis. Son dévouement pour son travail a fini par l’imposer comme un élément actif dans la famille des forestiers à Tipasa. « Eu égard à sa persévérance, on l’a chargé de missions plus importantes. A titre d’exemple, elle assistait à des réunions techniques avec d’autres représentants de secteurs en relation avec la préservation et la protection du domaine forestier. Il faut dire qu’elle ne nous a pas déçus, tant ces performances étaient à la hauteur des objectifs des missions qui lui ont été dévolues » dit à propos d’elle Mohamed Djemmal. Deux ans après son recrutement, Mokrani Amel est titularisée. « En 2007, j’étais promu au grade d’inspecteur divisionnaire des forêts. Ce fut un jour joyeux pour moi. J’étais à la fois aux anges de mettre pour la première fois l’uniforme avec mes premiers galants, mais aussi stressée, car j’appréhendais la lourde tâche qui m’incombe désormais » confie Amel.
Baptême du feu à Beni Hbiba en 2007
Le souvenir de sa première sortie pour combattre un grand incendie la marque jusqu’à présent. « J’étais très excitée à l’idée de participer avec mes collègues à l’extinction d’un départ de feu, car il faut savoir que ce sont les forestiers qui interviennent souvent en premier » se rappelle-t-elle. Elle a fait son véritable baptême du feu à Beni Hbiba une dense forêt du côté de Cherchell en 2007. « On dirait qu’elle cumulé déjà une appréciable expérience dans le combat contre les feux de forêts. Elle prenait même les devants, au plus près du foyer, à telle enseigne qu’en pleine action nous avons oublié qu’elle était une femme. Elle a laissé une bonne impression parmi les collègues ce jour-là » raconte Omar Abdelli, chef de bureau cynégétique à la conservation des forêts à Tipasa. « Certes, j’étais engagée au même titre que mes collègues pour circonscrire l’incendie à Beni Hbiba, mais je mesurais le risques encourus et je me suis contentée au final de mettre en application les formations auxquelles j’ai assisté » nuance-t-elle avec un grand sourire. Et d’ajouter : « j’étais fière de moi, mais ce sentiment à vite disparu en voyant avec le recul l’étendue des dégâts. Ce constat a suscité en moi une tristesse, mais aussi une détermination à aider le périmètre carbonisé à se régénérer». Depuis cette première expérience, Amel Mokrani a participé, et ce jusqu’à présent à des opérations d’extinction d’incendies. Pour mieux servir dame nature, elle a repris le chemin de l’université afin de soutenir une thèse de master en biodiversité et en écologie évolutive à l’université de Bab Ezzouar en 2011. « Obtenir ce nouveau diplôme n’est pas pour une simple autosatisfaction. J’ai cravaché dur pour l’avoir afin que je puisse cumuler de nouvelles connaissances scientifiques pour donner le meilleur de moi-même en servant Dame Nature » souligne-t-elle. Selon elle, prendre soin de la forêt est un travail qui s’étale sur les douze mois de l’année et ne peut se limiter à la durée de la campagne anti-incendie. « Suivre la régénération de la forêt, détecter les maladies et le dépérissement des peuplements mettre en place, veiller à l’entretien de la logistique in situ et renforcer les structures et infrastructures nécessaires en cas d’intervention, ce sont entre autres les missions quotidiennes du forestier » énumère-t-elle. Veiller sur la forêt, c’est aussi prendre soin de sa faune. « Nous surveillons autant que faire se peut les animaux de la forêt. Par exemple, si on détecte une maladie chez un oiseau, on l’ausculte immédiatement pour identifier la pathologie. Au cas où celle-ci nécessite un diagnostic plus approfondi on contacte l’INRF (Institut national de recherche Forestière) pour prendre le relai » explique-t-elle.
« Tous mes efforts sont une infime contribution pour préserver la nature »
En 2013, Amel reprend pour la troisième fois le chemin de l’université. Cette fois-ci, elle s’est inscrite en post graduation à Montpellier en France. Pour la troisième fois aussi, elle décroche son master en développement Rural haut la main. « Il fallait pour moi consolider mes études avec une nouvelle formation qui est importante à mes yeux, car le développement rural est un outil indispensable pour mieux prendre soin de nos forêts » argumente Amel. Outre ses formations académiques, la forestière a suivi des stages dans plusieurs créneaux en relation avec son travail, telles que l’intervention lors des grands risques et la gestion des zones humides. Visiblement elle a plus d’une corde à son arc, dès lors qu’elle est parmi les deux premières forestières à suivre une formation de maniement des fusils de chasse. D’ailleurs, elle est actuellement formatrice des chasseurs de la wilaya à qui elle enseigne notamment la législation régissant l’activité de la chasse ainsi que d’autres modules essentiels à la préservation du gibier. « Pour ne rien vous cacher, tous les efforts que je déploie depuis mon recrutement sont une infime contribution pour préserver et protéger dame Nature. Ma fable préférée est celle du petit colibri qui crois dur comme faire que chacun doit apporter son aide pour sauver la forêt des incendies et leurs conséquences» conclue-t-elle.
Amirouche Lebba

horizons.dz  25.09.2021

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