L’Algérie, pays continent, semble ne pas suffire à Karim Soumati, ancien pilote de ligne à la compagnie nationale Air Algérie et auteur de l’ouvrage « Le tour du monde d’un jeune Algérien » publié par NecibEditions en novembre 2021.
Nous sommes le vendredi 18 juillet 1969, Karim, alors âgé d’à peine 21 ans, se lance à la découverte du monde. Tôt le matin, sa famille l’accompagne à l’aéroport international d’Alger d’où il prend le vol Alger-Marseille. « Je suis très excité. J’ai du mal à avaler quoi que ce soit. Le jour que j’attendais depuis deux années est enfin arrivé », écrit l’auteur. Mécontent de sa condition sociale et l’absence de perspectives dans son pays, sorti à peine d’une longue période de colonisation et d’une guerre meurtrière, le jeune Karim pense « apprendre plus en courant le monde et tenter ma chance ailleurs ». Ayant pour bagage un sac à dos et quelques sous en poche, Karim débarque à Marseille. La première ville qu’il a visitée dans son long périple qui l’a emmené sur aux quatre coins du monde. Tenant un journal comme un commandant de bord, le jeune aventurier relate tous les événements, les rencontres, les choses insolites qu’il a vécus sans porter un jugement ou une appréciation personnels. Pour n’omettre rien, il prend note tout au long de son voyage de peur que sa mémoire le trahisse. D’ailleurs, « Le tour du monde d’un jeune Algérien » est le produit final de ses pérégrinations. Une sorte d’autobiographie centrée sur son tour du monde sans pour autant se mettre en évidence. Le texte n’est pas seulement un guide touristique pour les curieux. Il s’agit d’un récit qui raconte le vécu et la culture d’une multitude de populations à travers le monde, au Népal, en Iran, en Inde… Dans un style simple et précis, l’auteur décrit la vie quotidienne de différentes ethnies et leurs rituels et célébrations.
Retour au bercail
Durant son long voyage, l’auteur ne cesse d’exprimer son amour et sa gratitude à sa famille. « Ma mère, symbole d’amour et de patience », écrit-il dans sa dédicace. Pendant les trois ans, trois mois et douze jours qu’a duré son tour du monde, Karim avait toujours une pensée pour sa famille et son pays notamment durant les fêtes nationales ou religieuses. « Aujourd’hui, c’est l’Aid El Fitr, la fin du ramadhan. Je l’ai su en passant devant une mosquée ; les fidèles s’embrassaient et les enfants étaient bien habillés. Cela m’ donné un coup de blues. Ma famille me manque et maman doit se sentir bien seule », écrit-il. Tour à tour, Karim évoque son enfance difficile durant la colonisation et de rappeler les événements qui correspondent à des dates anniversaires qui ont marqué la période coloniale et la Révolution algérienne. « Le 11 décembre 1969 : (…) Ce jour-là, en 1960, des milliers d’Algériens, jeunes et vieux, femmes et enfants, sont sortis dans les rues pour manifester leur soutien au FLN », se souvient l’auteur.
Dimanche 12 décembre 1972, l’aventurier rentre au pays. Il prend un vol à partir du Canada, fait escale à Paris où son frère l’attendait. De Paris, il s’envole vers Alger. Transformé, sa famille ne le reconnait pas. Lui aussi s’étonne des changements intervenus au pays et au sein de sa famille. « Maman avait le moral », se réjouit-il.
Karim Soumati, l’aventurier, a choisi une profession dans laquelle il pourra toujours assouvir sa curiosité. Pilote à Air Algérie, le tour du monde se poursuit mais d’une autre manière. Le choix du métier n’est pas fortuit pour cet amoureux du lointain.
Karima Dehiles
« Le tour du monde d’un Algérien », éditions NECIB. 429 pages.
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