par Hope&ChaDia
La visite d’État du président Abdelmadjid Tebboune en Slovénie, entamée le 12 mai 2025 à l’invitation de la présidente Natasa Pirc Musar, n’a pas seulement mis en avant la coopération énergétique et les échanges économiques. Elle a révélé une convergence politique, géopolitique et éthique inattendue, traçant les contours d’un partenariat stratégique bien plus vaste qu’il n’y paraît.
À première vue, les intérêts sont classiques : la Slovénie, pays sans ressources fossiles, cherche à sécuriser ses approvisionnements en gaz, et l’Algérie confirme sa capacité à satisfaire cette demande. Mais au-delà de cette évidence, les deux États ont clairement affiché leur volonté d’élargir leur coopération à des secteurs aussi divers que l’intelligence artificielle, la recherche scientifique, la transition verte, la migration ou encore les enjeux climatiques.
Le président Tebboune, lors d’une conférence de presse conjointe, a évoqué une « convergence totale » entre Alger et Ljubljana, et la possibilité pour des entreprises slovènes de contribuer à des projets en Algérie. L’ouverture du Forum algéro-slovène des hommes d’affaires, présidé par les deux chefs d’État, a également souligné cette dynamique multisectorielle et bilatérale.
Une diplomatie alignée sur le droit international
C’est sur le terrain des causes internationales que la visite a pris une dimension singulière. Abdelmadjid Tebboune a salué la position “courageuse et honnête” de la Slovénie sur la question palestinienne, et l’engagement slovène en faveur d’un arrêt des agressions israéliennes à Gaza. Une convergence assumée, renforcée par la reconnaissance officielle de l’État de Palestine par la Slovénie en 2024, aux côtés de l’Espagne, de la Norvège et de l’Irlande.
Mais surtout, la Slovénie fait partie des rares pays européens à soutenir activement la procédure en cours devant la Cour internationale de justice (CIJ) sur les conséquences juridiques de l’occupation israélienne des territoires palestiniens. En rejoignant cet effort juridique, Ljubljana affiche son attachement au droit international – un point de jonction fondamental avec la diplomatie algérienne, qui milite depuis des décennies pour la primauté du droit sur la force.
De manière tout aussi remarquable, la présidente slovène a réaffirmé son soutien au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, une position rare dans le paysage européen actuel, et qui fait écho à la diplomatie algérienne constante sur ce dossier.
Une lecture commune du monde multipolaire
Ce double alignement sur la Palestine et le Sahara occidental témoigne d’un rapprochement plus profond : celui de deux États partageant une vision du monde fondée sur la souveraineté, la légalité internationale, la réforme des institutions onusiennes et la construction d’un ordre mondial plus équitable.
La Slovénie, État membre de l’Union européenne mais en marge des grands blocs influents, et l’Algérie, acteur pivot du Sud global, semblent vouloir construire ensemble une diplomatie indépendante, qui refuse les doubles standards. Cela s’est confirmé par l’intérêt marqué du président Tebboune pour les innovations technologiques présentées au centre slovène d’intelligence artificielle, ou encore lors de sa visite symbolique au Haras de Lipica, haut lieu du patrimoine européen.
Une alliance en devenir
La signature d’une Déclaration commune et de plusieurs accords de coopération vient formaliser cette trajectoire partagée. Mais le véritable message de cette visite est ailleurs : le rapprochement algéro-slovène est le reflet d’une alliance politique et morale, où les valeurs communes pèsent autant que les intérêts.
Dans un monde éclaté entre blocs dominants et tensions croisées, l’Algérie et la Slovénie semblent miser sur une diplomatie des principes. Une diplomatie qui ne se contente pas d’acheter ou de vendre, mais qui cherche à construire – durablement, lucidement, souverainement.
Hope&ChaDia