Hier, l’Algérie a reçu la visite officielle de la présidente de l’Inde, marquant un tournant majeur dans les relations bilatérales. Cette visite, cependant, ne peut être réduite à une simple visite diplomatique. Elle symbolise un geste plus profond : une sorte d’excuse implicite de l’Inde envers l’Algérie, suite aux tensions liées au veto que l’Inde avait opposé à l’adhésion de l’Algérie aux BRICS lors du sommet de 2023 en Afrique du Sud.
Retour sur les faits : un veto controversé
Lors du sommet des BRICS en 2023, l’Algérie avait exprimé son souhait de rejoindre ce groupe de pays émergents. Cependant, à la surprise générale, l’Inde avait opposé son veto à cette adhésion, une décision largement influencée par des pressions extérieures, notamment de la part de la France et des Émirats arabes unis. Ce veto avait suscité une vague d’indignation en Algérie, d’autant plus que le pays comptait sur le soutien de puissances comme la Chine et la Russie pour faciliter son entrée dans ce club des puissances émergentes.
Ce rejet n’était pas simplement une question diplomatique. Il révélait des enjeux géopolitiques bien plus pernicieux, impliquant un trio influent composé de la France, des Émirats arabes unis et d’Israël, tous unis dans une animosité stratégique contre l’Algérie. Ce bloc a vu d’un mauvais œil l’ascension de l’Algérie sur la scène internationale, notamment en Afrique du Nord et au Sahel, où Alger exerce une influence croissante. Dans ce contexte, l’Inde, avec ses relations privilégiées avec ce trio, s’est révélée être l’exécutant idéal pour opposer un veto à l’Algérie au sein des BRICS. Les pressions extérieures exercées sur New Delhi, particulièrement par la France et les Émirats, ont ainsi servi à bloquer l’accès de l’Algérie à un groupe stratégique, renforçant cette dynamique de rivalité géopolitique.
La visite : un geste de réconciliation ou un impératif stratégique ?
La visite de la présidente indienne à Alger, survenue hier, a un caractère particulier : elle intervient juste avant le début des travaux du 16e sommet des BRICS, prévu à Kazan en Russie le 22 octobre, et après que le président algérien Abdelmadjid Tebboune a déclaré, lors d’une récente rencontre avec la presse, que “l’Algérie avait tourné la page des BRICS.” Cette déclaration, perçue comme un signe de fermeté, laissait entendre que l’Algérie n’envisagerait de revenir dans le processus qu’après des excuses ou des concessions significatives de la part des autres membres du groupe, notamment de l’Inde.
Cette visite semble marquée par un sentiment d’urgence, avec des instructions claires données à l’Inde par les autres membres des BRICS, en particulier la Chine et la Russie, pour dissiper les tensions avant le sommet. Les BRICS, conscients de l’importance stratégique de l’Algérie en Afrique du Nord et dans le Sahel, ne peuvent se permettre de laisser cette crise diplomatique persister. Ainsi, l’Inde se voit contrainte de jouer un rôle apaisant, non seulement pour préserver la cohésion du groupe, mais aussi pour éviter que d’autres alliances géopolitiques ne se forment contre elle au sein des BRICS.
Les pressions extérieures et le rôle des Émirats arabes unis et d’Israël
Un autre détail important de cette crise est l’influence des Émirats arabes unis, étroitement liés à Israël, dans la décision de l’Inde d’opposer son veto à l’adhésion de l’Algérie. Derrière les manœuvres des Émirats se trouve l’influence d’Israël, qui cherche à étendre son emprise stratégique dans la région à travers ses alliés. Lors du sommet des BRICS, les Émirats, proches alliés de l’Inde et de la France, auraient exercé des pressions pour bloquer l’entrée de l’Algérie, voyant d’un mauvais œil la montée en puissance de ce pays dans la région. Cette influence ne s’est pas limitée au sommet des BRICS, mais a également été visible lors du G7, où les Émirats ont tenté de rétablir des relations avec l’Algérie, notamment à travers des gestes de conciliation comme celui de Mohammed ben Zayed, qui aurait baissé la tête en signe de réconciliation. Ces tentatives de réchauffement des relations montrent à quel point la puissance de l’Algérie inquiète certains acteurs régionaux.
L’Algérie, cependant, a résisté à ces manœuvres. Lors de différents sommets internationaux, elle a donné des leçons de fermeté à plusieurs reprises, notamment en matière de souveraineté nationale et de respect des décisions internationales. Elle a ainsi refusé de céder aux tentatives des Émirats et de leurs alliés de s’immiscer dans les affaires régionales, notamment en Libye et au Sahel, où Alger a réussi à imposer ses vues malgré les efforts des Émirats pour s’étendre dans ces zones stratégiques.
Une Algérie plus forte que jamais sur la scène internationale
Ce revirement de l’Inde montre aussi la place croissante qu’occupe l’Algérie sur la scène internationale. Loin de se cantonner à une position de récipiendaire passif des décisions extérieures, Alger impose désormais ses conditions et ses choix. Le pays ne cherche pas seulement à s’intégrer aux BRICS pour des raisons économiques, mais aussi pour renforcer son influence géopolitique en Afrique du Nord et dans le Sahel.
En outre, cette visite offre une opportunité pour l’Inde et l’Algérie de renforcer leurs relations dans d’autres domaines stratégiques, tels que la coopération économique et militaire. Les deux pays pourraient ainsi tirer parti de cette nouvelle dynamique pour établir un partenariat plus équilibré et mutuellement bénéfique.
Les BRICS à la recherche de réconciliation : l’Algérie au centre des enjeux
Cette visite confirme clairement que ce sont les BRICS qui cherchent à intégrer l’Algérie parmi eux, et non l’inverse. Le fait que la présidente indienne ait fait ce déplacement de dernière minute en Algérie, après que le président Tebboune a déclaré que “la page des BRICS était tournée”, en est la preuve éclatante. Il s’agit d’une démarche stratégique pour rétablir les liens et éviter de perdre un allié de poids comme l’Algérie. Si l’Inde présente implicitement ses excuses à l’Algérie, c’est aussi parce qu’elle reconnaît le rôle clé que joue ce pays dans la région et au sein des BRICS. Cette visite, à quelques jours du 16e sommet de Kazan, pourrait marquer le début d’une nouvelle ère de coopération entre les deux nations, basée sur le respect mutuel et des intérêts partagés. Toutefois, une question persiste : l’Algérie demanderait-elle des excuses officielles pour tourner définitivement cette page et envisager un retour dans les BRICS sous des conditions clarifiées ?
Hope&ChaDia