Les intellectuels algériens dans les archives françaises, un sujet abordé samedi par Tayeb Ould Laroussi, invité par le Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi (TNA).
Bibliothécaire et ex-directeur de la bibliothèque de l’Institut du monde arabe à Paris, Ould Laroussi a abordé l’importance des archives françaises consacrées aux intellectuels algériens comme Mahieddiene Bachtarzi, Mohamed Iguerbouchene, le dramaturge Mustapha Kateb et le comédien Rachid Ksentini. Selon lui, «il existe une importante quantité d’archives, non encore exploitées, et dont certaines classées confidentielles, qui renferment des éléments importants sur les intellectuels algériens durant la période coloniale».
2 catégories d’archives
«Ces archives montrent comment la police et les services secrets français s’intéressaient à eux et établissaient des fiches de renseignements détaillées sur leur déplacements, leurs relations, leurs activités et leurs écrits», a-t-il ajouté. «Il existe sept ou huit endroits importants où sont gardées les archives sur l’Algérie», a-t-il poursuivi. Le premier est à Vincennes, dans la commune de Paris, où il existe près de 450 Km d’archives consacrés à l’activité et aux opérations militaires et dont une grande partie est classée confidentiel».
Ould Laroussi a évoqué deux catégories d’archives. «La première est liée à la période d’avant 1830 et concerne l’activité diplomatique franco-algérienne, et la seconde post 1830 recèle une quantité inestimable de documents sur tout ce qui concerne l’Algérie sous la colonisation». Les centres de la Courneuve et de Nantes disposent aussi de bibliothèques où il est possible de consulter certains documents. La Bibliothèque nationale de France recèle également un nombre important de documents dont une grande partie est numérisée.
Artistes sous la loupe
Ould Laroussi cite aussi la bibliothèque en ligne «Gallica» accessible à tous et où on trouve énormément de documents d’archives sur l’époque coloniale. «Ces documents, a-t-il expliqué, renseignent sur la vie intellectuelle des Algériens durant la colonisation et comptent beaucoup de noms oubliés.» Il a exhibé ensuite des documents d’archives qui illustrent l’intérêt des autorités françaises pour quatre artistes algériens. Le premier concerne Mahieddine Bachtarzi. C’est une fiche de renseignements, établie en 1917 qui décrit sa physionomie et comporte son état civil et son niveau d’instruction. Le document indique les raisons pour lesquelles il ne peut être mobilisé et qu’il sera remplacé par une autre personne dont le nom est cité.
Ould Laroussi présenta ensuite trois autres documents sur 32 classés confidentiels qui sont consacrés à Mustapha Kateb. Pour lui, «c’est une preuve de la surveillance permanente à laquelle il était soumis». Les documents dévoilent son activité artistique et son engagement politique», a précisé le conférencier. Cette surveillance démontre l’importance de cet intellectuel et l’intérêt majeur que lui portaient les autorités coloniales», a-t-il relevé. Pour Iguerbouchene, Ould Laroussi a présenté des articles de la presse française qui montre le génie de ce compositeur qui parlait aisément 12 langues et, a-t-il rappelé, «reçu des prix internationaux pour ses compositions et travaillé avec les plus grandes figures du théâtre, comme Jean Gabin». En dernier, il a parlé de Rachid Ksentini, à qui la presse avait consacré plusieurs articles qui abordent la vie d’un grand artiste souvent comparé à Verlaine. «Ces écrits montrent qu’il n’était pas un simple humoriste. C’était aussi un philosophe qui avait une vision profonde de la condition humaine.»
Hakim Metref
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