L’histoire de la colonisation française en Algérie est jalonnée de crimes d’une brutalité inouïe, reflétant une logique génocidaire visant à anéantir non seulement les corps mais aussi l’identité culturelle d’un peuple. Parmi ces actes barbares, le massacre d’El-Hache, initié par un simple burnous rouge, occupe une place centrale. Il s’inscrit dans une politique de violence systématique où des pratiques telles que les enfumades et les emmurés ont marqué les consciences et laissé des cicatrices indélébiles.
Le massacre du burnous rouge : un symbole de soumission
Le burnous rouge, un vêtement traditionnel algérien, fut transformé en un symbole d’allégeance imposée par les autorités coloniales françaises. Ce vêtement fut remis à un Algérien ayant accepté de collaborer avec l’armée française, un acte perçu comme une trahison par ses compatriotes. En retournant à El-Hache, ce collaborateur fut attaqué par des résistants qui lui arrachèrent ce burnous rouge, geste chargé de rejet envers l’oppression coloniale.
La réaction française fut d’une violence démesurée. En représailles, les troupes coloniales massacrèrent des milliers de civils algériens. Le massacre d’El-Hache devint ainsi un symbole de la brutalité coloniale, où un simple acte de contestation, aussi symbolique soit-il, fut puni par un bain de sang. Ce massacre illustre comment le pouvoir colonial manipulait les symboles pour diviser et soumettre, n’hésitant pas à écraser toute forme de résistance.
Enfumades : une méthode d’extermination
Parmi les nombreuses pratiques génocidaires de l’armée française, les enfumades occupent une place macabre et unique dans l’histoire. Cette méthode consistait à regrouper des populations civiles dans des grottes ou des cavernes, puis à allumer des feux à l’entrée pour provoquer leur asphyxie. Ces enfumades, qui ont causé la mort de centaines d’hommes, de femmes et d’enfants, visaient à anéantir toute résistance dans les zones rurales.
Ces pratiques, rapportées notamment dans les régions montagneuses, témoignent de la volonté des forces coloniales de détruire non seulement les vies humaines, mais également les structures sociales et culturelles qui permettaient à la population de résister. Aucun livre d’histoire ne documente de tels crimes ailleurs dans le monde. Les enfumades restent un témoignage exclusif de la barbarie française en Algérie, illustrant une stratégie d’extermination rarement égalée dans l’histoire.
L’horreur des emmurés : une cruauté sans limite
À côté des enfumades, une autre pratique barbare se démarque : l’emmurement. À Zéralda, 45 Algériens furent scellés vivants dans un mur par les autorités coloniales. Ces actes, tout aussi cruels que les enfumades, avaient pour objectif de semer la terreur et de briser moralement les populations locales. L’emmurement, acte de torture ultime, montre jusqu’où la France coloniale était prête à aller pour maintenir son contrôle sur l’Algérie.
Ces pratiques, souvent passées sous silence, révèlent un génocide silencieux et méthodique. Elles soulignent la logique déshumanisante d’un pouvoir colonial prêt à toutes les exactions pour asseoir sa domination.
La “main de Fatma” : un symbole tragique des violences contre les femmes
Parmi les victimes de la barbarie coloniale, les femmes algériennes ont payé un lourd tribut. Lors des massacres, les soldats français, attirés par les bijoux en or portés par les femmes, adoptèrent une méthode effroyable pour les dépouiller. Plutôt que de retirer les bijoux à la main, ils mutilaient leurs victimes, coupant leurs mains et leurs oreilles pour s’emparer de leurs biens.
Ces membres mutilés, encore ornés de bijoux ensanglantés, furent souvent revendus ou envoyés en France comme trophées à leurs proches. C’est de cette pratique qu’est née la légende macabre de la “main de Fatma”, transformée en un symbole ambigu, à la fois tragique et culturel. Ces actes de violence extrême témoignent non seulement de la cupidité des troupes coloniales, mais aussi de leur volonté de déshumaniser les populations qu’elles dominaient.
Une stratégie de destruction systématique
Le massacre d’El-Hache, les enfumades, les emmurés et les mutilations s’inscrivent dans une politique globale de terre brûlée, prônée par des figures comme Saint-Arnaud et Bugeaud. Cette stratégie consistait à incendier les villages, à détruire les récoltes et à affamer les populations pour briser toute capacité de résistance. L’objectif était clair : annihiler non seulement la résistance armée, mais aussi l’ensemble du tissu social et culturel algérien.
Une mémoire oubliée et le paradoxe historique des cinq chefs d’État français
Ces crimes, bien qu’uniques dans leur atrocité, restent souvent méconnus ou minimisés. Pourtant, ils constituent une part essentielle de l’histoire coloniale française, une histoire qui continue de hanter les relations entre la France et l’Algérie. Ce passé douloureux résonne également dans un paradoxe qui traverse l’histoire française contemporaine : l’identité même de ses dirigeants modernes. Parmi les cinq chefs d’État français les plus récents, aucun n’est Français “de souche”. Nicolas Sarkozy, par exemple, est le fils d’immigrés hongrois. Ce constat illustre une France métissée, résultat d’une histoire coloniale et migratoire complexe.
Cette réalité rappelle les paroles ambiguës de Charles de Gaulle en 1958 : “Je vous ai compris”. Cette phrase, souvent mal interprétée, symbolise la politique d’assimilation et d’effacement identitaire menée en Algérie. Derrière ces mots se cachait une tentative de nier les spécificités culturelles et historiques des populations colonisées.
Revisiter les atrocités coloniales – du massacre d’El-Hache aux enfumades, en passant par les emmurés et les mutilations – ne se limite pas à honorer la mémoire des victimes. Cela nous invite également à questionner le rôle de l’impérialisme dans la construction des nations modernes. La mémoire de ces crimes doit devenir un pilier d’un dialogue honnête et nécessaire entre les peuples.
Écoutez le récit poignant de Me Fatma-Zohra Benbraham : “Lorsque l’armée coloniale commet un génocide pour un burnous”, qui revient sur cet épisode tragique de l’histoire algérienne. Retrouvez son témoignage complet ici :
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