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Saïd BOUCETTA
Depuis sa signature en 2015, l’Accord d’Alger pour la paix et la réconciliation au Mali a toujours constitué le document-référence qui a stoppé le processus de l’effondrement de l’État. Principale victime de l’effet domino consécutif à la destruction de la Libye, ce pays du Sahel se dirigeait vers une afghanisation, n’était-ce l’action diplomatique d’Alger qui a ouvert une réelle perspective de paix pour le nord du pays et établi une feuille de route pour un retour à la stabilité dans le cadre de l’intégrité territoriale et la souveraineté du peuple malien. L’Accord d’Alger a, ceci de stratégique, est qu’il a éloigné toute velléité d’ingérence dans les affaires internes de ce pays. Un acquis politique et diplomatique plus qu’appréciable pour les Maliens qui, en plus de conserver l’intégrité de leur territoire, disposait d’un document reconnu et apprécié par l’ensemble de la communauté internationale.
À travers la décision irréfléchie qui a consisté en la «destruction» pure et simple de ce précieux outil qui garantit la stabilité du pays, les autorités maliennes ont agi avec une grande légèreté, susceptible de conduire le pays vers une guerre civile aux conséquences terribles pour le Mali, en premier lieu, et pour toute la région du Sahel. Et pour cause, en libérant les mouvements politico-militaires, signataires de l’Accord d’Alger de leurs réserves, Bamako ne fait rien d’autre que de provoquer la partition du pays. Il est entendu que les nombreux acteurs, jusque- là tenus par la mise en œuvre de cet Accord, pourraient très facilement reprendre la lutte armée et revendiquer pour certains, des bouts de territoire. La multitude de micro-Républiques qui naîtraient dans une situation de chaos indescriptible, n’auraient d’autres moyens de survie que dans des alliances contractées avec les groupes terroristes et les narcotrafiquants. Le Mali se transformerait en une vaste de zone de non-droit, avec ce que cela suppose comme souffrance pour des millions de citoyens de ce pays.
Les autorités de ce pays doivent savoir que si Bamako est actuellement épargnée par la violence armée, ce n’est certainement pas du fait de l’offensive conduite par la France. Les forces Serval et Barkhane n’ont jamais constitué un facteur de stabilité, parce qu’elles n’ont cherché rien d’autre qu’à sauvegarder des intérêts occidentaux. Les véritables forces qui pouvaient précipiter l’effondrement du Mali étaient justement celles que l’Algérie avait convaincues d’adopter l’Accord d’Alger. Sans ce document, rien n’empêcherait la partition du pays, voire sa disparition pure et simple.