Les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont été présentés par certains comme un moment historique pour le sport algérien, notamment par le chef de la délégation algérienne, M. Berrabari, qui a qualifié la participation algérienne de « fantastique et historique ». Cependant, cette vision triomphaliste est loin de faire l’unanimité parmi les spécialistes et les observateurs du sport. Le journaliste Madjid Boutamine, dans un poste Facebook largement partagé, remet en question cette perception en soulignant les vérités cachées derrière les performances algériennes.
Tout d’abord, Boutamine évoque la médaille d’or de la gymnaste Kylia Nemour, qui est célébrée comme un triomphe national. Toutefois, il précise que cette victoire est en grande partie due à une situation particulière : jusqu’à il y a un an, Nemour représentait la France. C’est grâce à l’intervention de l’ancien président de la Fédération algérienne de gymnastique, Sifiane Zahi, qui a profité des tensions entre Nemour et l’équipe française, que cette athlète a pu être réaffectée à l’Algérie. Ce transfert opportun, bien que salué, soulève des questions sur la capacité du système sportif algérien à former et soutenir des champions à partir de ses propres infrastructures.
En ce qui concerne la boxeuse Imane Khelif, qui a également décroché l’or, Boutamine souligne que son succès est largement attribuable à ses propres capacités physiques, sa détermination, et son talent. Khelif a fait face à une intense pression médiatique après une polémique injuste qui a éclaté peu avant les Jeux. Loin d’être démotivée, cette adversité a renforcé sa volonté de gagner. Ce succès, bien que remarquable, semble être davantage le fruit des qualités personnelles de l’athlète que celui d’un soutien institutionnel ou d’une préparation stratégique de la part des instances sportives.
Le cas de Djamel Sedjati, médaillé de bronze en athlétisme, ajoute une autre couche de complexité à l’analyse. Ancien joueur de football jusqu’en 2018, Sedjati a rejoint l’athlétisme tardivement, soutenu par le programme militaire. Sa réussite, bien que louable, met en lumière une tendance où les talents sont découverts ou réorientés presque par hasard, plutôt que grâce à un système structuré de détection et de développement des athlètes.
La question posée par Boutamine est simple mais percutante : « Quels auraient été les résultats de l’Algérie sans ces trois athlètes ? » Il suggère que les performances de Nemour, Khelif et Sedjati masquent les lacunes profondes du système sportif algérien. En effet, sur les 42 athlètes algériens envoyés à Paris, la majorité a été éliminée dès les premiers tours ou s’est retirée. Cette situation démontre une inadéquation entre les investissements financiers considérables réalisés et les résultats obtenus.
Boutamine demande également des clarifications sur plusieurs points, notamment sur le rôle du Comité olympique algérien dans la gestion des défis auxquels les athlètes ont été confrontés. Par exemple, il est question de la manière dont Djamel Sedjati a été traité par les organisateurs français, qui auraient, selon certains, cherché à le déstabiliser avant sa finale. Le journaliste appelle à un examen courageux des succès et des échecs de la délégation algérienne afin de mieux préparer les futurs défis sportifs, plutôt que de se contenter de célébrer des victoires individuelles qui, bien que méritées, ne peuvent pas masquer les faiblesses structurelles du sport en Algérie.
En somme, derrière les médailles brillantes se cache une réalité plus sombre : un système sportif qui peine à produire des champions par lui-même et qui dépend trop souvent de circonstances extérieures ou de talents individuels exceptionnels. Pour Boutamine, une analyse honnête et approfondie est essentielle pour tirer les leçons nécessaires et construire un avenir sportif véritablement solide pour l’Algérie.
Vous pouvez lire le poste en arabe ici ….
Hope & ChaDia