Les éditions Médias Index viennent de publier un recueil de poèmes intitulé «Leve Palestina». Réunissant une bonne vingtaine d’autrices et auteurs de langues arabe et française et se voulant un hommage à la Palestine, ce collectif reprend dans son titre l’intitulé une célèbre chanson en suédois du groupe Kofia, écrite par le poète palestinien George Tahari. Dans cet entretien, Malika Challal, directrice de la maison d’édition et coordinatrice du recueil revient sur l’élaboration de ce livre, son contenu et son choix d’éditer de la poésie.
El Moudjahid : Votre maison d’édition Médias Index vient de publier l’ouvrage «Leve Palestina», un recueil de poésie en hommage à la Palestine et que vous avez vous-même coordonné. Comment est né cet ouvrage ?
Malika Challal : D’abord, les événements tragiques de Ghaza ne laissent personne indifférent vu la gravité de la situation et l’ampleur de la catastrophe humanitaire. Quand tu es éditeur, auteur, artiste, cela t’affecte certainement comme tous les autres, et exprimer ton opinion, ta solidarité ou tes questionnements devient une chose évidente. En plus de ce recueil, je voudrais également évoquer celui de Fatima Maaouia intitulé «L’olivier en deuil». Elle est Algéro-tunisienne, vit en Tunisie et voulait publier son recueil en Algérie. Elle cherchait un éditeur et comme il s’agissait de poèmes en hommage à la Palestine, j’ai tout de suite donné mon accord. C’était l’occasion pour moi aussi d’exprimer ma solidarité envers ce peuple. Par la suite, j’ai eu l’idée d’inviter des poètes algériens pour un deuxième recueil lorsque j’ai constaté que beaucoup d’entre- eux partageaient quotidiennement des vers autour de la cause palestinienne.
Comment s’est fait le choix des plumes qui y figurent ? Et pourquoi la poésie ?
Une vingtaine de poètes a pris part à ce recueil. Je les ai moi-même invités à y participer car j’ai remarqué leur soutien infaillible à la cause palestinienne dans leurs publications notamment sur les réseaux sociaux. Certains écrivent sur ce sujet depuis de longues années. Je peux citer Nadia Belkacemi, Latifa Lila Ben Hadi Taibi, R. Bourahla et d’autres. Tous ceux que j’ai contactés ont répondu favorablement à l’appel et nous avons commencé à collecter les poèmes. Quant au nombre de poèmes, ils sont une dizaine en arabe et autant en français dont une bonne partie a été écrite avant le 7 octobre 2023. Certains remontent à plus de 20 ans, les tragédies du peuple palestinien et les événements se succédant. Ce recueil retrace un peu la lutte de ce grand peuple résilient. On trouve des poèmes qui évoquent l’Intifada, les luttes quotidiennes, la résilience du peuple et bien évidemment le Déluge d’El Aqsa.
Votre maison d’édition a également sorti «L’olivier en deuil» de Fatima Maaouia que vous avez évoqué précédemment. Pourriez-vous nous en parler ?
Fatima Maaouia est une poétesse de toutes les causes justes et bien évidemment de la cause palestinienne. Sa poésie est plus que des mots rythmés à la mémoire des martyrs ou en hommage à la cause palestinienne, c’est un cri du cœur, le gémissement d’une âme ; c’est la tragique épopée de plusieurs décennies de douleurs, de courage, de batailles jusqu’au dernier souffle, de lutte sans répit d’une génération à une autre. C’est tout cela et bien plus que la poésie de Fatima Maaouia incarne dans ce recueil dédié à la Palestine.
La poésie est connue pour être le parent pauvre de l’édition, mais vous sortez deux recueils de poésie et vous avez souvent misé sur ce genre en particulier. Compte tenu de votre expérience, comment se porte la poésie en Algérie ?
Pour ces deux recueils particulièrement, on n’a fait aucun calcul. D’ailleurs je voudrai et souhaite que l’argent que nous récolterons de leurs ventes soit reversé au compte des enfants palestiniens. C’est un moment de solidarité et dans de pareils moments, donner de son temps, de son argent, de ses efforts est très peu par rapport à ce que toute une population est en train de subir. Pour la poésie, en général, on a juste l’impression que les gens ne s’y intéressent pas. Pourtant beaucoup de poètes continuent d’écrire t ont leurs propres lecteurs, leurs cercles, même si nous trouvons des difficultés à vendre leurs livres en librairie. La poésie est un genre littéraire qui ne risque pas de disparaître, contrairement à ce qu’on pourrait croire ; c’est un souffle de l’âme qui émane d’êtres sensibles qui nous apporte de la lumière et de l’espoir.