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PAR DJILALI B.
Devant le jeu militaro-politique incertain de la Cédéao qui n’arrive plus à jouer son rôle de
« régulateur » préférant un rôle de celui qui fait démonstration de ses muscles pour résoudre une crise à contagion, qui ressemble à une épidémie qui risque de se propager davantage, l’Algérie profite de la mince marge laissée au segment politique pour s’y incruster et tenter de convaincre ses partenaires de la solvabilité de son option.
Une option endossée entre autres par les Etats-Unis et les pays opposés à une opération militaire de la Cédéao porteuse d’un réel risque d’embrasement de la région. Et c’est naturellement que l’Algérie prend l’initiative pour trouver une solution politique, c’est-à-dire à travers le dialogue et la négociation, à cette crise et éviter l’escalade qui est devenue ces
derniers jours un credo de la Cédéao, dont les sanctions contre le Mali, la Guinée et le Burkina, pays qui ont connu des putschs militaires, ont été contre-productives.
D’ailleurs, la menace de la Cédéao d’intervenir militairement pour rétablir dans ses fonctions le président nigérien a eu pour effet la création d’une alliance militaire entre le Niger, le Mali et le Burkina qui ont affiché une disposition à riposter à la force en attente de la Cédéao. Des médias locaux ont évoqué le déploiement d’appareils (avions de combat) de l’alliance au Niger pour protéger son espace aérien.
Ainsi, devant ces hasardeuses perspectives, le ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger Ahmed Attaf a entamé, hier, des visites de travail au Nigeria, au Bénin et au Ghana, a indiqué un communiqué du ministère. Plus clairement, l’Algérie est en train de jouer la carte diplomatique, loin de la lourde machine de l’union africaine ou encore des responsables militaires de la communauté, plus prompts à déclarer une guerre dont personne ne peut mesurer les conséquences.
Concertations
Face à ces bruits de bottes de la Cédéao, le chef de la diplomatie algérienne prend les devants avec des visites auprès des chefs d’Etat membres de la Cédéao pour une concertation afin de trouver une solution politique consensuelle et éviter un conflit armé. Encore une fois, l’Algérie – qui a été dans la majorité des grandes médiations dans les crises et conflits en Afrique, dont celui des Grands Lacs, la guerre entre l’Erythrée et l’Ethiopie ou encore plus récemment la crise du nord du Mali – relance sa machine diplomatique pour régler cette nouvelle crise.
« Le ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger, M. Ahmed Attaf, chargé par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, entamera, à partir d’aujourd’hui (hier), des visites de travail en République fédérale du Nigeria, en République du Bénin et en République du Ghana, pour effectuer des concertations avec ses
homologues de ces pays, membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) », est-il souligné dans le document des affaires étrangères.
Il est précisé dans le communiqué que les concertations porteront sur la crise au Niger et les moyens de la prendre en charge, à travers la contribution à une solution politique qui évitera à ce pays et à la région tout entière les retombées d’une éventuelle escalade de la
situation.
Il s’agira donc pour Attaf de convaincre ses interlocuteurs, membres de la Cédéao plus enclins à une démonstration de force face à un pays membre qui connaît un coup d’Etat, et qui n’est pas le seul ces trois dernières années.
Plus que cette intervention militaire de la communauté, inadaptée par ailleurs, qui inquiète
le plus, c’est aussi et surtout la porte que cette escalade militaire ouvre devant l’intervention étrangère qui risque de provoquer un autre chaos dans la région déjà largement éprouvée par les activités terroristes et l’intervention de l’Otan en Libye.
C’est la mission du ministre des affaires étrangères qui a entamé son périple par une visite au Nigeria. M. Attaf a discuté avec son homologue nigérian des développements de la scène nigérienne et des moyens à mettre en œuvre pour une solution pacifique à même de permettre un retour à l’ordre constitutionnel et éviter les risques d’une intervention militaire dont personne ne peut prévoir les conséquences.
Les deux ministres se sont engagés à poursuivre les efforts pour faire prévaloir la solution politique à cette crise et pour l’instauration d’une stabilité pérenne, selon un autre communiqué des AE. Une bonne entame, dans la mesure où le Nigeria, le géant de la Cédéao, a été à l’écoute de l’option algérienne et dont l’avis peut peser de son poids dans les futures décisions de la communauté.