En juillet 2025, l’Algérie organise avec fierté la première édition des Jeux Africains Scolaires, un événement inédit pour les jeunes athlètes du continent.
Mais un paradoxe frappe : la République arabe sahraouie démocratique (RASD), État membre fondateur de l’Union africaine (UA), n’a pas été invitée.
Pourtant, le soutien algérien a la cause sahraoui s’exprime concrètement dans le domaine sportif. Le 21 mai 2023, le stade Nelson Mandela de Baraki a accueilli un match historique entre la sélection nationale sahraouie de football et le Mouloudia d’Alger, en présence de membres du gouvernement algérien, dont le ministre de la Jeunesse et des Sports, ainsi que de l’ambassadeur de la RASD en Algérie. Organisé à l’occasion du 50ᵉ anniversaire de la création du Front Polisario, cet événement hautement symbolique, soutenu par l’État algérien, a permis au sport sahraoui de s’exprimer sur la scène internationale. L’hymne national sahraoui a résonné pour la première fois dans un stade algérien, sous les applaudissements des familles sahraouies et algériennes réunies. Cet engagement concret souligne que l’Algérie ne se contente pas de défendre la cause sahraouie sur le plan diplomatique : elle en soutient aussi l’expression sportive. Le contraste est donc d’autant plus frappant face à l’absence de la RASD des Jeux Africains Scolaires organisés en terre algérienne.
Soutien aussi aux étudiants Sahraoui
La solidarité avec la jeunesse sahraouie s’exprime aussi à travers les liens tissés entre étudiants. En mai 2025, l’Union nationale des étudiants algériens (UNEA) a signé une convention de coopération avec l’Union des étudiants de Saguia El Hamra et Rio de Oro, renforçant ainsi le partenariat entre les mouvements étudiants algériens et sahraouis. Un geste qui illustre la cohérence de l’engagement algérien en faveur de la cause sahraouie, y compris sur le terrain de la jeunesse et de l’éducation — une cohérence qu’il serait naturel de prolonger dans le cadre des Jeux Africains Scolaires.
Que cette non-invitation ait lieu en Algérie — le pays qui défend le plus farouchement la cause sahraouie sur la scène internationale — interpelle.
Un choix d’organisation qui écarte la RASD
Les Jeux sont organisés pour la première fois par l’ACNOA (Association des Comités Nationaux Olympiques d’Afrique), en partenariat avec l’ISF (Fédération Internationale du Sport Scolaire) africaolympic.com.
Or, la RASD ne disposant pas de Comité National Olympique reconnu, son exclusion est mécanique, comme l’a déclaré M. Ammar Brahmia, président du comité d’organisation des Jeux, en réponse à une question posée par un journaliste sur le sujet.
Le paradoxe est d’autant plus grand que c’est en Algérie, bastion diplomatique du soutien à la RASD, que ce format a été retenu.
Les organisateurs proclament pourtant vouloir garantir « l’accès de tous les jeunes […] à cette grande fête du sport scolaire africain » africaolympic.com.
Un autre modèle d’organisation était possible
Les statuts de l’ISF et de la FASS (Fédération Africaine du Sport Scolaire) permettent tout à fait un pilotage par les ministères nationaux isfsports.org.
Exemple : en 2016, le Vietnam a organisé les Championnats du monde scolaires de badminton sous l’autorité conjointe de son ministère de l’Éducation et de l’ISF isfsports.org.
En Algérie même, le gouvernement, ardent défenseur de la cause sahraouie, aurait pu opter pour un tel format inclusif, permettant d’inviter les 55 États de l’UA.
Les principes du sport condamnent cette exclusion
Les valeurs de non-discrimination sont au cœur de toutes les chartes du sport scolaire :
UNESCO : le sport est un « droit fondamental pour tous » unesco.org.
ISF : garantir des opportunités pour tous les élèves isfsports.org.
FASS : solidarité entre tous les pays africains.
UA : sport comme levier d’intégration continentale sportscouncil.au.int.
Que cette exclusion se produise en Algérie — qui défend la RASD comme un acteur à part entière de l’Afrique — est en totale contradiction avec nos principes.
La RASD, un membre légitime de l’Union africaine
Membre de l’UA depuis 1982 fr.wikipedia.org, la RASD participe aux instances de l’organisation continentale.
L’Algérie est son soutien le plus actif, comme en témoignent ses récentes prises de position officielles : pas plus tard que le 1er juin 2025, le ministère des Affaires étrangères a publiquement regretté le soutien apporté par le Royaume-Uni au plan d’autonomie marocain, rappelant l’attachement de l’Algérie à une solution conforme au droit à l’autodétermination du peuple sahraoui (aps.dz). Quelques jours plus tôt, le 27 mai 2025, le nouvel ambassadeur sahraoui à Alger saluait auprès du président de la République Abdelmadjid Tebboune la position forte, immuable et constante de l’Algérie en faveur de la cause sahraouie (aps.dz).
Le fait que cette exclusion ait lieu précisément dans un événement en sol algérien représente un dilemme politique évident.
Une solution existe pour corriger cette situation:
Voici une voie réaliste et respectueuse des textes :
Confier l’organisation aux ministères algériens du sport et de l’education, en partenariat avec la FASS et l’ISF (comme l’a fait le Vietnam en 2016 avec l’ISF) isfsports.org.
Émettre les invitations aux 55 États membres de l’UA, y compris la RASD.
Prévoir un statut neutre pour la délégation sahraouie si besoin (sous drapeau UA ou ISF).
Valider la démarche avec l’UA et obtenir un accord de principe de l’ACNOA.
Communiquer fermement sur le caractère éthique et éducatif de cette inclusion — une ligne totalement cohérente avec la politique étrangère de l’Algérie.
Des précédents internationaux confortent cette approche
Le cas de la RASD n’est pas isolé : d’autres entités non universellement reconnues participent déjà à des compétitions scolaires internationales, au nom des valeurs d’inclusion.
Ainsi, Taïwan (sous l’appellation Chinese Taipei) participe régulièrement aux événements de l’ISF, tels que la Gymnasiade ou les championnats mondiaux scolaires, en vertu d’un accord qui permet d’écarter les blocages diplomatiques au profit de la mission éducative de ces Jeux isfsports.org.
Le Kosovo, avant même son adhésion au Comité International Olympique, a lui aussi été admis dans plusieurs compétitions scolaires internationales organisées par l’ISF, démontrant que le cadre du sport scolaire est plus souple que celui du mouvement olympique.
Enfin, la Palestine participe de longue date aux Jeux scolaires euro-méditerranéens et à plusieurs manifestations placées sous l’égide de l’ISF, bien qu’elle n’ait pas encore le plein statut de membre dans toutes les fédérations sportives internationales.
Ces exemples illustrent que dans l’univers du sport scolaire, l’inclusion des jeunes prime sur les considérations strictement diplomatiques. Le format éducatif et la mission de fraternité propre aux Jeux scolaires permettent de dépasser les blocages institutionnels — une logique pleinement cohérente avec l’engagement panafricain et humaniste de l’Algérie.
L’opportunité de renforcer le message panafricain de l’Algérie
En adoptant cette solution, l’Algérie enverrait un message fort : sa défense de la RASD n’est pas que diplomatique, elle est cohérente jusque dans le sport et l’éducation des jeunes.
Ce serait l’occasion de faire des Jeux Africains Scolaires un vrai symbole de l’unité africaine, comme le souhaite le président de l’ACNOA Mustapha Berraf : « un symbole fort de ce que l’Afrique sait entreprendre et réussir lorsqu’elle est unie » africaolympic.com.
Puissent les autorités concernées, ainsi que Monsieur le Président de la République Abdelmadjid Tebboune, veiller à ce que ce symbole d’unité africaine n’exclue personne — et que la jeunesse sahraouie ait toute sa place dans cette belle initiative portée par l’Algérie.