Dans la wilaya de Guelma au nord-est de l’Algérie, la commune de Roknia, à une douzaine de kilomètres de Hammam Meskhoutine, abrite le site d’une nécropole mégalithique comptant des milliers de dolmens et de grottes funéraires. Aujourd’hui encore peu connus, les vestiges de Roknia sont classés au patrimoine national du pays.
ENIGME DES SITES MEGALITHIQUES
Dolmens, Cromlech, nécropoles néolithiques, trilitères, allées couvertes, chouchats et houanets, les monuments classés mégalithiques sont aussi nombreux en Algérie qu’en Europe, même s’ils gardent encore le mystère de leur âge et constructeurs.
Il y avait bien quelque chose avant. Utilisant les ressources disponibles non périssables, déjà en mouvement écologique, les premiers bâtisseurs du pays ont pris des rochers et pierres pour ériger des structures étranges. Dolmens, allées couvertes et cromlechs, nécropoles géantes comme celle de Roknia ou du Djebel Mazela de Bounouara, à Gastel sur le massif d’El Dyr qui surplombe Tebessa, Ras El Ain Bou Merzoug près de Batna et le Djebel Ksaïbi au Sud de Constantine ou encore la Koudiat Bou Taïeb près de Collo, on trouve ces constructions mégalithiques essentiellement à l’Est, comme également les dolmens d’Aït Garet (El Kseur), Ibarissen (Toudja) et les fameuses allées couvertes d’Aït Rhouna, pays du chanteur El Ankis, du réalisateur Mohamed Ifticène et même du corsaire Raïs Hamidou. Mais il y a en a aussi à l’Ouest, à Sidi Hosni (Columnata-Tissemsilt), à Cherchell dans la nécropole de l’Oued N’sara et on en trouve même à Djelfa (dolmens du moulin de Djelfa) ainsi qu’à Alger, dolmens de Beni Messous au bord de l’oued du même nom et à Bologhine. Si le dolmen fait référence à l’Europe celtique mégalithique, ils sont très nombreux en Algérie, où les noms diffèrent, Houanet (magasins) pour leur forme en kiosque qui montre encore l’esprit commerçant des Algériens, ou encore les Chouchet, les plus caractéristiques à l’image de la soixantaine de petites tours signalées à Chouchet er-Roumaïl dans le Djebel Kherrouba des Aurès et qui a donné leur nom (choucha, calotte, de leur forme chapeautée au dessus par une couverture rocheuse ronde), à ces constructions circulaires dans lesquelles on a retrouvé des ossements et qui sont donc des tombes. Mais de qui ? Si elles n’apparaissent qu’en Algérie orientale où elles couvrent l’Aurès et les monts du Hodna, c’est-à-dire l’actuelle zone des chaouïs, qui aux dernières recherches, ne sont pas forcément les descendants de ces constructeurs, on retrouve quelques monuments plus au Sud, la frontière des Nememchas fermant la région dolménique d’Algérie orientale. Oui, mais qui les a construits ?
https://www.youtube.com/watch?app=desktop&v=S4uatdOALFMOn compte dans la nécropole plus de 3000 monuments mégalithiques s’étendant sur plusieurs kilomètres (en comparaison, on en compte plus de 4000 sur l’ensemble du territoire français).
Les dolmens nord-africains sont caractérisés par leur plan quadrangulaire et sont souvent entourés d’un cercle de pierres. Généralement plus petits que les dolmens européens, ils sont en revanche présents en nombre important en Algérie orientale et en Tunisie. Les dolmens d’Afrique du nord présentent des similitudes avec certains monuments d’Italie péninsulaire, de Sardaigne et de la Corse.
En Algérie, les monuments mégalithiques couvrent par milliers des régions incluant les flancs de Djebel Mazela à Bounouara, le site de la nécropole de Sigus (qui compte des dolmens, menhirs et cromlechs) à Oum el Bouaghi, ainsi que l’importante nécropole de Djelfa.
Ces monuments font partie du patrimoine culturel de l’Algérie, au même titre que les treize Djeddars de Frenda, Medracen, le Mausolée royal de Maurétanie, ou encore les tumuli à couloir et enclos du Tassili. Ces derniers ont pour point commun qu’ils sont des constructions dédiées aux morts, renseignant sur les rituels funéraires présents tout au long de l’histoire du pays. Une valorisation de ces monuments pourrait alors être l’occasion d’une mise en lumière des croyances et systèmes de valeurs des anciens groupes ayant peuplé l’Algérie et d’informer sur la manière dont ils concevaient le monde.
Bien que les nécropoles mégalithiques soient présentes en nombre important dans le pays, peu de fouilles archéologiques ont été menées depuis l’indépendance. Ainsi, à Roknia, ce sont les fouilles de Bourguignat en 1868 et de Faidherbe de 1869 pendant la colonisation qui sont souvent utilisées pour analyser le site.
Des fouilles permettraient toutefois d’apporter des pistes de réflexion plus récentes notamment quant aux enjeux de datation. Elles permettraient aussi d’enrichir le savoir au sujet les populations qui ont vécu dans la région et ultimement de se réapproprier l’histoire ancienne du pays.