Saha Dahmane. Pour le mordu mélomane, il ne saurait y avoir du Chaâbi sans Dahmane El Harrachi. C’est tout autan vrai pour El Anka, Guerouabi ou Ezzahi et d’autres figures emblématiques du répertoire.
En 1973, il produit, en France, sa chanson au succès posthume planétaire, Ya Rayah, (Ô partant), dédiée à tous les émigrés algériens. 7 ans après, El Harrachi, comme s’il sentit la chose venir, partit, mais à jamais cette fois-ci, laissant à l’Algérie artistique un trésor poétique et musical rarement égalé. Un legs qui défia le temps et l’espace au point d’en être porté dans les plus grandes places artistiques du monde, par des artistes de renom tel que le défunt Rachid Taha. Un trésor qui dure encore, sans jamais prendre une ride.
500 chansons du répertoire du Cheikh Dahmane El Harrachi
44 ans après, la voix écorchée et la note vigoureuse du Cheikh poursuivent, avec autant de panache, leur succès post-mortem, que ce soit sur les ondes de la radio, à la télé et surtout à travers les réseaux sociaux et les plateformes numériques de la musique mondiale. Cette fabuleuse odyssée spatiotemporelle, chacun l’explique à sa façon, mais tous les concernés par la sauvegarde du patrimoine musical sont unanimes à l’expliquer par le génie transcendant de l’auteur-compositeur tant sur le texte que sur la mélodie. Mais aussi et surtout dans son essence humaine qui dicte de bout en bout la ligne directrice de son répertoire riche de …500 chansons!
Son œuvre, en effet, prône les valeurs de droiture, de rigueur morale, de sagesse, de patience et de tolérance, tout en critiquant fermement la malhonnêteté, l’hypocrisie, l’ingratitude et la mauvaise foi. C’est ainsi que Dahmane introduit un discours innovant, accessible et compréhensible, enrichi de paraboles et de tirades authentiquement algériennes, allant au-delà des simples thèmes contemporains. Ces évolutions lui permettent d’établir une connexion en temps réel, non seulement avec les émigrés algériens, mais également avec les gens du bled qu’il retrouve, après plus de 15 ans d’absence, en 1974 lors d’un récital de haute facture à la salle Atlas de Bab El Oued à Alger.
Saha Dahmane le film rendant hommage au Cheikh
Auréolé, Dahmane poursuit son petit bonhomme de chemin en composant, sans jamais se lasser, des textes et des musiques enrichissant de sons style propre le répertoire de la chanson Chaâbi, aux côtés des Mahboub Bati et Mohamed El Badji, avec lequel justement, il joua le 1e rôle du film «Saha Dahmane» que la Télévision algérienne lui consacra juste avant sa disparition.
Amine Goutali
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