La situation de l’Algérie est, désormais, en voie de redressement. Celui-ci sera surtout visible à compter du 2e semestre 2021. Ci-après les six (6) raisons pour lesquelles chaque Algérien et chaque Algérienne doivent retrouver l’espoir.
Par Ali Mebroukine, professeur d’université
1. La pandémie régresse grâce aux mesures vigoureuses prises par le gouvernement et grâce, également, à la discipline, bien que tardive, de nos concitoyens. Toute la population algérienne qui le souhaite sera vaccinée, le moment venu, cependant que la logistique appropriée en vue de faciliter la vaccination de masse se met progressivement en place.
2. Pas d’arrestation ni d’interpellation de citoyens en raison de leurs prises de position sur la situation du pays. La justice serait bien inspirée de ne pas verser dans l’excès de zèle, dès l’instant qu’elle ne reçoit d’instruction d’aucune institution du pays. La mise en garde récente de la présidente du PT adressée aux responsables algériens, leur enjoignant de ne pas considérer le Hirak comme mort, est à la fois superfétatoire(le Hirak est constitutionnalisé) et marquée au coin du sceau de l’imposture, quand on sait que Louisa Hanoune n’a jamais été acceptée par le Hirak pour cause d’accointances politiques inavouées.
3. La lutte contre la corruption et le crime organisé ne relèvent pas du règlement de comptes politique, comme tentent de le faire croire certaines «bonnes consciences». Il a été démontré, notamment à l’occasion des audiences devant la juridiction d’appel (beaucoup plus que devant le tribunal), que le préjudice que certaines personnalités politiques de premier plan, alliées à des oligarques sans scrupules ont infligé au Trésor, est incommensurable. Il ne faut jamais oublier que c’est aussi pour dénoncer l’impunité d’une certaine délinquance financière d’Etat, que très massivement les Algériens ont manifesté, tout au long de l’année 2019.
4. L’institution militaire se trouve dans les casernes, notamment celles qui sont implantées tout au long des frontières que nous avons en commun avec sept (7) Etats, tandis que la gestion des affaires publiques est confiée exclusivement à des civils. Ceci dit, le débat est ouvert sur deux points : l’aptitude intellectuelle de certains commis de l’Etat à exercer leur office, d’une part, les critères qui président au choix des responsables de l’Etat, d’autre part. En haut lieu, on a bien conscience de ce problème souvent évoqué par le président de la République. L’avènement de la démocratie en Algérie dépend, également, de l’existence d’une haute fonction publique compétente et loyale.
5. Les réformes économiques et sociales sont en cours. Elles visent essentiellement trois objectifs : permettre aux entreprises algériennes (notamment privées) de reconquérir le marché intérieur, cibler la dépense publique (il ne faut pas s’arc-bouter, outre mesure, sur le déficit budgétaire de l’année 2021) et généraliser l’utilisation de l’outil numérique afin que toutes les institutions de l’Etat, qui sont en charge de la collecte des impôts et des taxes, puissent maximiser, d’ici 2022-2023, les rentrées au profit du Trésor. La redistribution d’une partie d’entre elles devra cibler prioritairement les catégories sociales modestes et les collectivités territoriales en souffrance de projets de développement et cela, depuis des décennies. Un Etat qui n’est pas social n’est pas un Etat démocratique. Sur nos relations économiques avec l’extérieur, si l’économie algérienne est appelée à s’ouvrir davantage aux investisseurs étrangers, grâce aux garanties fournies par l’Etat et qui ont vocation à rester intangibles, notre adhésion à telle ou telle zone de libre-échange ne peut se concevoir aux dépens des intérêts des producteurs et des consommateurs algériens.
6. Ce redressement, pour être complet, devra associer tous les Algériens. Une grande partie d’entre eux n’a pas encore saisi les enjeux géostratégiques qui érodent les équilibres de la région à laquelle nous appartenons. Notre pays est, en effet, menacé et risque de payer au prix fort sa fidélité aux principes de la Déclaration du 1er Novembre 1954, réitérés et approfondis par la Plateforme de la Soummam du 20 août 1956. En faisant de plus en plus pression sur notre pays, nos ennemis ont contraint le haut commandement militaire à faire l’acquisition d’un matériel ultrasophistiqué, à seule fin de défendre le territoire national et de garantir l’inviolabilité des frontières. L’Algérie a toujours aspiré à la paix et défendu dans toutes les enceintes internationales le principe du règlement pacifique des différends, ainsi que souvent rappelé par notre brillant ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum. Nous n’ignorons pas non plus que notre destin est lié à celui de nos voisins. A titre d’exemple, la France est un pays ami avec lequel nous souhaitons entretenir et renfoncer nos liens économiques, culturels et humains, dès l’instant que toutes les décisions qui concernent le destin de notre peuple sont prises à Alger, ce qui, du reste, a toujours été le cas. Quant au peuple marocain, c’est le peuple frère le plus proche de nos cœurs en raison de toutes les valeurs que nous avons en partage. Mais l’Algérie se doit de rester fidèle à ses principes séculaires qui lui dictent de rappeler à tous les Etats (y compris les pays amis et les pays frères) le caractère sacro-saint de la légalité internationale, surtout au moment où l’ONU est entrée dans une phase de profonde léthargie et d’immobilisme.
Le redressement durable du pays est une obligation partagée entre gouvernants et gouvernés. De la part du pouvoir algérien, il y a indéniablement une volonté politique d’engager le pays dans des réformes de structure, après des décennies consacrées à la gestion et la distribution de la rente pétrolière, aujourd’hui en voie d’érosion rapide. Quant aux Algériens, ceux qui sont interpellés ici ne sont ni ceux qui appartiennent aux catégories sociales modestes ni même ceux qui forment les couches inférieures et intermédiaires de ce que par commodité de langage, on qualifiera de classes moyennes. Ce sont les rentiers, les spéculateurs et ceux qui tiennent la haute main sur les réseaux et les circuits informels. Seule leur éradication par les réformes promises peut garantir la pérennité de l’Etat algérien.