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Le tri sélectif constitue un axe majeur dans la gestion environnementale, économique et sociale des déchets. Ce maillon important de la gestion des déchets reste en deçà des aspirations de la population et des différentes parties prenantes.
Selon les résultats d’une étude menée par l’Agence nationale des déchets (AND), le recyclage reste très faible. Son taux ne dépasse pas les 10% dans toutes les filières. S’exprimant, ce mercredi, lors d’un webinaire organisé par l’AND sur «la capitalisation des expériences du tri sélectif en Algérie», Mme Fatma-Zohra Barça, directrice de la gestion intégrée des déchets à l’AND, a fait savoir que les autorités du pays misent beaucoup sur la gestion intégrée des déchets. Pour atteindre cet objectif, il faut la mobilisation de tous les acteurs concernés par la gestion des déchets, à commencer par les outils de planification en prenant en compte les différentes composantes. Les premiers volets à développer sont le tri sélectif, la pré-collecte et l’élimination des déchets. Elle a rappelé que l’AND a fixé l’objectif de promouvoir le tri sélectif à la source. Pour ce faire, l’AND a signé une convention avec 14 associations pour aller vers la phase opérationnelle. La directrice a plaidé pour la valorisation des expériences des chercheurs, associations et villages. Elle a fait savoir que l’AND est en train de faire un travail de synthèse de toutes ces initiatives pour établir une meilleure approche. Dans sa démarche, l’Agence compte sur la mobilisation des collectivités locales, associations et chercheurs pour relever le défi et aller vers l’économie verte où rien ne se jette, tout se transforme.
Le village le plus propre : généraliser l’expérience
Sur l’expérience de la wilaya de Tizi Ouzou dans le domaine du tri sélectif et le recyclage des déchets, le Pr Mouloud Arkoub, enseignant-chercheur au département d’agronomie à l’Université Mouloud-Mammeri, a fait savoir que plus de 400 villages de la wilaya sont devenus des ambassadeurs du tri sélectif et le recyclage notamment pour les déchets organiques. Les habitants de ces localités sont motivés par l’organisation par l’APW de Tizi Ouzou du concours du village le plus propre. Selon lui, tous les villages qui ont participé à cette manifestation gèrent seuls leurs déchets. Le Pr Arkoub a rappelé que ces villageois ont bénéficié de sessions de formation en matière de tri sélectif par un groupe d’enseignants bénévoles. Les quantités produites au niveau de la wilaya s’élèvent à 5.000 tonnes jour dont 2.000 sont des déchets organiques. Il a rappelé que le déchet n’est plus considéré comme une source de nuisance mais une matière première de seconde main.
Pour lui, le meilleur endroit pour le tri, c’est à la maison où le déchet est encore propre. Le professeur a plaidé pour la généralisation de l’expérience de ces villages dans d’autres localités. «L’organisation de ce genre de concours par les autorités locales est fondamentale et le prix attribué sera une motivation pour le lancement de projets», a-t-il dit. Il a, par ailleurs, appelé à l’encadrement de l’activité de recyclage qui souffre actuellement de l’informel, et l’Algérie est encore loin de ses objectifs puisque le taux de recyclage ne dépasse pas les 10%, un chiffre dérisoire. «Le recyclage en Algérie est toujours à la traîne, d’où la nécessité d’appliquer la réglementation en vigueur et d’aller vers une véritable économie circulaire», a-t-il conclu.
Samira Belabed
horizons.dz 29.09.2021