Lors d’un podcast cette semaine sur la chaîne de Danny Haiphong, deux éminents professeurs, Jeffrey Sachs et Mohammad Marandi, ont partagé leurs analyses sur l’escalade des conflits au Moyen-Orient. Ils ont discuté de la guerre en cours entre Israël et le Liban, des répercussions potentielles pour l’Iran et du rôle des États-Unis dans cette crise. Le débat s’est également étendu au devenir de Benjamin Netanyahu et à l’avenir incertain d’Israël dans ce contexte de tensions croissantes.
Jeffrey Sachs : Netanyahu, profite de la faiblesse de l’administration Biden
Jeffrey Sachs, économiste renommé et directeur du Centre pour le Développement Durable à l’Université de Columbia, a souligné l’impact dévastateur de l’escalade militaire israélienne. Il a exprimé son inquiétude face à la multiplication des attaques israéliennes contre le Liban, Gaza et le Yémen, ainsi qu’à l’assassinat de Hassan Nasrallah. Sachs a également expliqué que cette escalade pourrait entraîner un conflit régional majeur, notamment avec l’Iran.
Selon lui, Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien, tente de tirer parti de la faiblesse perçue de l’administration Biden pour renforcer son pouvoir en intensifiant les hostilités. Netanyahu cherche à provoquer une guerre régionale, soutenu par les États-Unis, qui, selon Sachs, « suivent aveuglément » les décisions israéliennes, notamment à travers un soutien militaire et financier constant.
Sachs accuse Netanyahu de mener une politique « meurtrière » et « extrémiste », visant à assurer la domination israélienne dans la région plutôt que de rechercher des solutions diplomatiques. Il a qualifié le gouvernement de Netanyahu de violent et oppressif, soulignant que les actions d’Israël, soutenues par les États-Unis, ne reflètent ni les intérêts de la population américaine ni ceux du reste du monde. Cette politique pourrait avoir des conséquences catastrophiques, allant jusqu’à un « bain de sang régional » et une possible confrontation mondiale si les tensions continuent de s’intensifier.
Mohammad Marandi : La réponse iranienne
Le professeur Mohammad Marandi, expert en relations internationales à l’Université de Téhéran, intervenant depuis Beyrouth, a apporté une perspective complémentaire. Il a souligné que l’Iran reste résolument déterminé à répondre aux agressions israéliennes, mais que cette réponse sera soigneusement calculée. Contrairement à certaines rumeurs de faiblesse ou de division au sein de l’axe de la résistance, Marandi affirme que l’Iran et ses alliés, tels que le Hezbollah, adoptent une stratégie réfléchie, sans se précipiter dans une réponse purement émotionnelle.
Selon Marandi, l’Iran veut maximiser l’impact de ses actions tout en évitant les réactions impulsives qui pourraient affaiblir sa position à long terme. Il a également expliqué que l’Iran ne s’est pas précipité pour répondre aux frappes israéliennes en raison des négociations indirectes en cours entre le Hamas et Israël, ce qui explique le retard dans une riposte militaire. Néanmoins, il a insisté sur le fait qu’une réponse iranienne à l’agression israélienne était « inévitable » et serait « dévastatrice » pour Israël.
En ce qui concerne l’invasion potentielle du Liban par Israël, Marandi a affirmé que malgré les frappes israéliennes qui ont tué des civils et des figures importantes comme Hassan Nasrallah, le Hezbollah reste une force intacte, avec une résistance souterraine bien organisée. Il estime que la stratégie israélienne de provoquer des pertes humaines parmi les civils et de détruire des infrastructures ne fera que renforcer la détermination des groupes de résistance régionaux, notamment au Liban et au Yémen.
Le devenir de Netanyahu et d’Israël
Les deux professeurs ont également abordé l’avenir de Netanyahu et d’Israël dans le contexte de cette escalade militaire. Jeffrey Sachs a souligné que Netanyahu est actuellement dans une position de faiblesse politique et cherche à se maintenir au pouvoir en jouant la carte de la guerre. Il tente de mobiliser le soutien national et international à travers des actions militaires agressives, mais Sachs avertit que cette stratégie risque d’aboutir à une défaite, tant sur le plan militaire que diplomatique.
Sachs a également évoqué l’impact à long terme de la politique israélienne sur ses relations avec les autres puissances mondiales, notamment la montée en puissance de la Chine et de la Russie. Il a exprimé des inquiétudes quant à l’isolement croissant d’Israël sur la scène internationale, soulignant que les actions de Netanyahu sont de plus en plus mal perçues dans le monde, en particulier parmi les nations du Sud global.
Mohammad Marandi partage cette vision pessimiste du devenir de Netanyahu. Selon lui, l’escalade actuelle ne fera qu’aggraver la situation d’Israël à long terme. Il souligne que les frappes israéliennes ont causé des destructions massives, mais que cela ne suffit pas à ébranler la résistance. Il affirme que le Hezbollah, ainsi que les autres forces de la résistance dans la région, attendent patiemment le bon moment pour frapper en retour. Marandi estime que la guerre que Netanyahu cherche à étendre pourrait finalement conduire à sa chute, non seulement en tant que leader, mais aussi à une crise majeure pour Israël en tant qu’État.
Une guerre aux conséquences globales
La discussion a également mis en lumière les conséquences potentielles de cette guerre au-delà du Moyen-Orient. Jeffrey Sachs a averti que la guerre pourrait avoir des répercussions mondiales, notamment si les États-Unis sont entraînés dans un conflit plus large avec l’Iran. Il a souligné que cette escalade militaire ne sert pas les intérêts des États-Unis, qui risquent d’être impliqués dans une guerre dont ils ne sortiront pas indemnes, tant sur le plan militaire que diplomatique.
Marandi, quant à lui, a expliqué que la résistance au sein de l’axe Iran-Hezbollah-Yémen reste ferme et unie. Selon lui, les actions de Netanyahu, loin d’affaiblir cette alliance, ont renforcé leur détermination à répondre aux agressions israéliennes. Il a également insisté sur le fait que les récentes frappes israéliennes, bien que meurtrières, n’ont pas entamé les capacités militaires du Hezbollah et que si Israël poursuit son invasion terrestre au Liban, il subira des pertes importantes.
Un avenir incertain pour Israël et Netanyahu
Les analyses de Jeffrey Sachs et Mohammad Marandi convergent vers une conclusion sombre pour l’avenir de Netanyahu et d’Israël. Sachs a averti que l’isolement croissant d’Israël, son alignement aveugle sur les États-Unis et son approche militariste ne sont pas durables à long terme. Il estime que cette politique pourrait entraîner Israël dans un conflit qu’il ne pourra pas contrôler, avec des conséquences désastreuses.
Marandi, de son côté, a souligné que la résistance régionale ne faiblira pas et que l’agression israélienne ne fera que renforcer la volonté de riposte. Pour lui, Netanyahu s’engage dans une voie dangereuse qui pourrait conduire non seulement à sa chute personnelle, mais aussi à l’effondrement d’Israël en tant que puissance dominante dans la région.
Ainsi, l’avenir de Netanyahu et d’Israël semble incertain, marqué par des tensions croissantes, une résistance farouche et des perspectives de plus en plus sombres à mesure que la stratégie actuelle d’Israël se heurte à des réalités géopolitiques de plus en plus complexes.
Hope et Chadia