Lors de son intervention récente à Chatham House, le prince Turki AlFaisal a réitéré une position qui semble à la fois ferme et subtile. Plutôt que de rejeter catégoriquement la normalisation avec Israël, l’Arabie saoudite pose une condition qui, en réalité, ne sera jamais acceptée par le gouvernement israélien actuel : la création d’un État palestinien avec les frontières de 1967 et Jérusalem-Est comme capitale. Cette exigence, bien qu’elle paraisse diplomatique, est en fait une manière claire de dire « non » à la normalisation, tout en évitant une confrontation directe avec les puissances occidentales(Chatham House).
À travers cette déclaration, l’Arabie saoudite envoie un message sans ambiguïté. Elle sait pertinemment que la position actuelle du gouvernement israélien, qui refuse catégoriquement toute concession sur Jérusalem et la question des colonies, rend la réalisation de ces conditions pratiquement impossible(Middle East Eye).
Le prince Turki a notamment souligné que « tout le gouvernement israélien dit non à un État palestinien », ce qui rend la perspective de normalisation totalement irréalisable dans le contexte actuel.
Ainsi, loin d’être une véritable négociation, cette condition est un mécanisme pour repousser la normalisation tout en conservant une position diplomatique acceptable sur la scène internationale. Riyad protège ainsi son image et reste fidèle à son engagement envers la cause palestinienne, tout en évitant d’apparaître comme un obstacle frontal à la normalisation souhaitée par ses partenaires occidentaux(Chatham House)(Middle East Monitor).
Pourquoi Israël court après la normalisation avec l’Arabie saoudite ?
Israël poursuit activement la normalisation avec l’Arabie saoudite non seulement pour des raisons économiques et diplomatiques, mais aussi pour sortir de l’impasse stratégique dans laquelle elle se trouve avec Gaza. La guerre avec Gaza a isolé Israël sur le plan international et lui a coûté une partie de son soutien traditionnel dans le monde arabe et musulman. En obtenant une normalisation avec l’Arabie saoudite, Israël espère non seulement renforcer sa légitimité régionale, mais aussi contrebalancer les critiques internationales croissantes à l’égard de ses actions militaires à Gaza(Middle East Eye).
Israël voit dans la normalisation avec Riyad une opportunité de briser cet isolement et de créer une nouvelle dynamique diplomatique dans la région. Une alliance avec l’Arabie saoudite, l’une des puissances les plus influentes du monde arabe, permettrait à Israël de faire face plus efficacement aux défis politiques et sécuritaires posés par le conflit de Gaza. Cependant, tant que Riyad maintient sa condition de l’établissement d’un État palestinien, Israël se retrouve dans une situation coincée mortelle a terme.
Hope & Chadia