Mr Ferhat Aït Ali, intervenant sur la chaîne YouTube Afrique Emergente dans un podcast intitulé “Vers la sécurité et la souveraineté alimentaire en Algérie ?”, a offert un éclairage dense, documenté et sans complaisance sur la trajectoire agroalimentaire de l’Algérie.
Dans un échange fluide et analytique, l’ancien ministre de l’Industrie a décortiqué les politiques agricoles passées et présentes, les blocages structurels, les réussites silencieuses, et surtout, les conditions nécessaires pour que l’Algérie accède à une véritable souveraineté alimentaire.
Il ne s’agit pas ici d’un discours volontariste détaché des réalités du terrain, mais bien d’un diagnostic construit sur des données concrètes : superficie cultivable, stress hydrique, rendement à l’hectare, comportement des consommateurs, subventions, logistique de distribution… Tout y passe.
À travers ses propos, une ligne se dégage nettement : oui, l’Algérie est en train de s’orienter vers la sécurité et la souveraineté alimentaire — mais cette orientation reste une ambition en construction, un chemin encore semé de défis profonds à surmonter.
Parmi les points saillants : la réussite quasi-acquise en matière de légumes grâce au développement agricole dans le Sud, notamment à Biskra et El Oued. Ces régions assurent aujourd’hui une forme d’autosuffisance nationale. Le cas du lait est plus complexe : si la production locale est importante, le manque d’organisation dans la collecte rend l’ensemble du système inefficace, forçant le pays à continuer d’importer.
Quant aux céréales, le tableau est nuancé. Le blé dur — historiquement ancré dans le régime alimentaire algérien — est en voie d’autosuffisance. Mais le blé tendre, introduit à l’époque coloniale et massivement subventionné, reste un talon d’Achille, représentant une part importante des importations.
Le podcast n’évite pas les sujets sensibles. Mr Aït Ali évoque avec franchise les raisons de la dépendance vis-à-vis de certains marchés étrangers, notamment la France, et explique les efforts récents de diversification des fournisseurs, notamment vers la Russie ou les pays baltes.
Sa vision est lucide : la souveraineté alimentaire ne peut être atteinte sans une refonte en profondeur des structures agricoles, industrielles, et sociales — y compris le rapport qu’entretiennent les Algériens eux-mêmes à la consommation.
Avec pragmatisme, il propose une stratégie réaliste : viser un million d’hectares cultivés dans le Sahara, répartis sur une décennie, en misant sur l’innovation agricole, la formation de main-d’œuvre locale et la création de véritables écosystèmes agro-industriels intégrés.
En somme, ce podcast ne se contente pas de poser les bonnes questions — il y répond avec une vision enracinée dans le terrain et ouverte sur les potentialités du pays.
Un rendez-vous intellectuel à ne pas manquer pour toute personne intéressée par l’avenir économique et agricole de l’Algérie.
Hope&ChaDia