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“Ligne Challe et Morice”
La ligne Challe était une ligne de défense armée durant la colonisation de l’Algérie située le long de la frontière entre l’Algérie et la Tunisie, venant doubler en 1959 la Ligne Morice construite à partir de juillet 1957. Son nom provient d’André Morice, ministre français de la Défense de cette époque.
Le nom de la ligne Challe provient du général Maurice Challe, commandant en chef en Algérie entre décembre 1958 et mars 1960. Traversant les wilayas d’El Tarf et Souk Ahras pour atteindre les deux communes d’El Kouif et Negrine dans la wilaya de Tébessa.
La ligne Challe doublait partiellement la ligne électrifiée Morice qui s’étendait sur 460 km, d’Annaba à Negrine via Souk Ahras et les communes d’El Ma Labiodh et Bir El Ater à Tébessa.
La ligne Morice était une ligne de défense armée constituée pendant la Guerre d’Algérie, à partir de juillet 1957. Son nom provient d’André Morice, ministre français de la Défense de cette époque.
La ligne Challe est barbelée, minée, électrifiée, surveillée en permanence, plusieurs centaines de milliers de mines sont restées non désactivées pendant plus de 50 ans. Certaines portions de la frontière entre l’Algérie et la Libye étaient renforcées par des barbelées électrifiées. De nombreux moudjahidines sont morts en cherchant à franchir la ligne que les habitants de R’mila ont surnommé la ligne de la mort ou la ligne maudite. Les mines anti-personnel ont également fait des victimes dans les décennies qui ont suivi l’indépendance du pays.
La fin des travaux de déminage de la ligne a été annoncée en 2017.
“Lignes Challe et Morice, les réseaux de la sauvagerie coloniale” Par Hanny Tiouane
Si la genèse du procédé barbare revient au général Vanuxem, l’effet, lui, a coûté cher aux Algériens en temps de guerre et de paix aussi. Le bruit de l’éclatement des mines continue de résonner à jamais dans les oreilles des victimes. Enfin, on ne peut pas compter les victimes, parce que l’effet psychologique est insondable, beaucoup de familles de blessés et de morts sont souvent traumatisées.
Sauf les procédés humains, la France coloniale a exploré tous les instruments imaginables de mutilation et d’anéantissement du peuple algérien. De la guillotine aux réseaux parallèles minés et des essais nucléaires en passant par toutes sortes de centres de torture et de camps de regroupement des civils.
Croyant venir à bout des combattants de la Révolution algérienne, la France avait opté pour l’édification de deux lignes électrifiées et semées de mines en vue de couper les maquis de la guerre de leurs bases étrangères. La première ligne Morice réalisée en 1957, du nom du ministre de la Défense André Morice, s’étend d’Annaba à Negrine sur 450 km. La ligne Challe, à l’Ouest, bâtie en 1959, va de Ghazaouet à Béchar sur 750 km. Elle porte le nom de Maurice Challe, commandant des forces françaises en Algérie.
Erigées tout au long des frontières avec le Maroc et la Tunisie, ces lignes de la honte, barbelées, minées, électrifiées et surveillées en permanence par l’armée française ont constitué une véritable gêne pour les résistants algériens pendant la Guerre de Libération nationale. Pas seulement, ces réseaux parallèles étaient un chantier laborieux pour l’Algérie post-indépendance où plusieurs centaines de milliers de mines sont restées non désactivées pendant plus de 50 ans.
Malgré l’opération de déminage quasi difficile de plus de 62.000 hectares, aggravée davantage par les conditions géographiques et l’effacement des repères des lignes minées, l’Algérie a relevé, avant même qu’elle rejoigne le Traité d’Ottawa sur l’interdiction des mines antipersonnel en 2001, le défi de détruire plus de 8 millions de mines sur les 11millions posées par l’armée française durant la Guerre de Libération grâce aux opérations menées par des détachements spécialisés de l’Armée nationale populaire (ANP) dont l’assainissement définitif du rideau de la mort en 2017 a constitué le point d’orgue, une œuvre qui couronne plus d’un demi-siècle d’efforts constants et de travail sur le terrain soigneusement accompli par les éléments spécialisés de l’ANP.
Après 45 ans d’inconscience et de déni, les autorités militaires françaises ont remis officiellement aux autorités algériennes les plans concernant les mines placées le long des lignes Challe et Morice entre 1956 et 1959. Pour cause de facteurs naturels (déplacement de mines antipersonnel), cette cartographie n’a pas servi à l’opération de déminage lancée par l’armée algérienne, selon certains dirigeants militaires algériens.
Plus ingénieux que leur ennemi
En temps de guerre, plusieurs régiments français effectuaient des patrouilles sur les grands axes d’infiltration et autres équipements terrestres et aériens ont été mobilisés pour surveiller les lignes contre toute tentative d’infiltration des maquisards algériens. Mais l’impossible n’est pas algérien, des moudjahidines disent que leurs collègues de combat ont été plus ingénieux que leur ennemi. Outre les tentatives de franchissement qui n’ont pas cessé, de nouveaux réseaux étaient tissés avec d’autres pays du Sahel pour assurer le transport des armes et des munitions nécessaires à la poursuite de la Révolution, des actes de sabotage nocturne des lignes ont été orchestrés par les combattants algériens.
Aussi, des historiens ont fait savoir que les soldats algériens se sont servi de certains équipements pour se frayer un chemin sur les champs de la mort et détourner l’attention des gardiens des lignes. «Celui qui entame une traversée du réseau de barbelés est considéré comme mort et il ne renaît qu’une fois cette traversée réussie», relataient quelques ouvrages historiques. En bravant l’interdit, des katibate ont payé un lourd tribut. «Sur 14 katibate qui ont tenté de franchir l’obstacle, la moitié n’est pas revenue», précisent certains moudjahidine.
Le prix de la traversée a coûté cher aux combattants de l’ALN, puisque près de 4830 victimes ont été recensées pendant la guerre d’Algérie et 2470 autres civils ont péri après l’indépendance du pays. Si la vie a repris son cours normal sur tout le territoire algérien, les plaies ne sont pas encore refermées et les séquelles continuent à torturer les esprits, notamment dans les wilayas frontalières les plus touchées à l’instar d’El Tarf, de Souk Ahras, de Guelma, de Tébessa, de Naâma, de Béchar et de Tlemcen.
Ce concept «d’isolement du champ de bataille», vulgarisé pendant la Première Guerre mondiale et expérimenté par la France en Algérie, a, certes, contrarié les mouvements de nos moudjahidine, causé d’énormes pertes en vie humaines, mais ce rideau de la honte n’a pas, comme le déclarait l’ennemi, découragé la résistance, isolé ses soutiens, dissuadé les moudjahidine de chercher de nouvelles alternatives pour contrer ces réseaux de la mort. Avant de répondre à un impératif international visant la lutte contre les mines antipersonnel, l’Algérie a d’abord honoré son devoir vis-à-vis de l’histoire et de ses citoyens en mettant un terme à un chantier lourd et inhumain.