Annie Steiner nous a quitté après un long combat et sacrifice pour le pays
Elle n’a pas changé d’un iota, elle est restée elle-même avec son humilité, Annie Steiner, une femme dont l’amour envers la patrie est resté intact.Annie s’est éteinte mais son combat et son sacrifice seront gravés à jamais dans la mémoire collective des générations.
Elle est partie notre Annie, elle n’est plus parmi nous, mais elle reste présente dans la mémoire nationale des algériennes et des algériens qui ont connu cette grande dame au cœur fragile et à la force calme et pleine de détermination et d’abnégation.
Annie Steiner a tiré sa révérence après un long parcours plein de sacrifice et de lutte pour la libération et le recouvrement de l’indépendance de l’Algérie face au colonialisme français et ses affres.
Annie Steiner est une femme qui n’avait pas à choisir entre le statu quo colonial et la voie rebelle d’une révolution contre l’ordre colonial abject.
Elle était catégorique, pour elle le choix ne se posait même pas, c’était la décision radicale que peu de gens de sa trempe, à savoir d’origine française et fille de pieds noirs de surcroît.
Il faut être Annie Steiner pour se démarquer de la sorte et s’engager dans la lutte armée et d’une cause de libération en assumant les conséquences de ce choix des plus difficiles et dangereux.
Cette dame téméraire a vu sa vie éclore dans la ville du Hadjout, ex-Marengo, une région de colonat par excellence. Les colons imposaient leur loi en faisant subir aux « indigènes » les fatras de l’exploitation et de la domination coloniales.
Annie Steiner n’a pas attendu que l’on lui mette la puce sur son oreille pour qu’elle puisse déduire et comprendre que ce qui arrivait devant ses yeux comme exactions, brimades et autres bastonnades, ça s’appelait le colonialisme et de l’esclavagisme moderne. Elle avait de l’instinct révolutionnaire. C’est l’une des caractéristiques d’Annie Steiner, une femme austère en matière de décisions et d’engagements. Mais une fois la détermination s’exprime, c’est un torrent qui charrie tout devant lui. Elle ne recule pas devant le danger et le risque majeur de la mort.
Née le 7 février 1928, Annie Steiner avait été élevée dans un milieu petit-bourgeois, elle ne manquait d’aucune privation comme c’était le cas pour les filles algériennes qui croupissaient dans les ténèbres du colonialisme déshumanisant et aliénant.
Le constat colonial sonné tel un spectre qui taraudait l’esprit de la jeune Annie. La rupture s’est faite manifestée lors le déploiement musclé des soldats du colonialisme français. Elle voyait concrètement ce qui se faisait tisser comme un mur d’Apartheid contre des populations désarmées et traitées d’une manière inhumaine.
Steiner a choisi la voie la plus dure et délicate pour épouser la cause algérienne en matière de libération. Elle est devenue membre du « réseau bombes » de Yacef Saadi. Elle a été « Arrêtée le 15 octobre 1956, elle est condamnée en mars 1957 par le Tribunal des Forces Armées d’Alger à cinq ans de réclusion pour aide au FLN, et incarcérée à la prison de Barberousse. Elle est libérée en 1961 ».
Steiner racontait cette période la plus dangereuse de sa vie mais aussi la plus glorieuse en termes d’engagement pour la cause algérienne en soulignant que « Les gens avec qui je travaillais avaient déjà de bonnes idées, mais je suis sans doute allée plus loin qu’eux ».
Annie Steiner a eu a expliquer dans ses sorties dans le cadre de la célébration de la révolution algérienne et lors des séries de témoignages à propos du glorieux combat libérateur. Elle rappelait dans ce sens que « Je ne militais dans aucun parti et les Algériens, sans doute, trouvaient ma décision étonnante. Ils ont peut-être fait une enquête sur moi et ils m’ont acceptée peu après, ils m’ont demandé : « Jusqu’où êtes-vous prête à travailler pour le FLN ? J’ai répondu : Je m’engage totalement ».
Sa réponse était concise, austère mais pleine de détermination et de témérité. C’est avec ce caractère et cette détermination que Annie Steiner à continué le combat libérateur après l’indépendance du pays. Elle a opté pour la nationalité algérienne de son propre chef, c’est dire que cette grande dame a assumé la tâche de la libération du pays avec un sens d’abnégation et du sacrifice qui sont si rares de nos jours.
Elle n’a pas changé d’un iota, elle est restée elle-même avec son humilité, Annie Steiner, une femme dont l’amour envers la patrie est resté intact.
Annie s’est éteinte mais son combat et son sacrifice seront gravés dans la mémoire collective des générations.
Rachid Malik
Source: https://collectifnovembre.com/