Pourquoi la presse du Makhzen a-t-elle soudainement tourné le dos à Aboud Hichem ?
L’analyste marocain Badr Laidoudi, spécialiste des affaires liées au Makhzen, nous livre une analyse profonde de l’affaire Aboud Hichem, ”un opposant” algérien autrefois largement soutenu par la presse marocaine. Ce soutien, en particulier dans le cadre de la pseudo-affaire de kidnapping d’Aboud, avait fait l’objet d’une vaste campagne médiatique orchestrée par les journaux, les télévisions et les réseaux sociaux affiliés au Makhzen. Des chaînes comme Medi 1 TV et des titres influents tels que Le Matin et L’Opinion avaient monté cette affaire en épingle, la présentant comme un exemple de persécution politique orchestrée par les services secrets algériens.
Cependant, selon Laidoudi, ce soutien inconditionnel a pris une tournure dramatique. Dès que des informations émanant d’Espagne ont commencé à émerger, notamment des rapports exclusifs d’ABC et d’autres médias espagnols comme La Paix, la presse du Makhzen s’est retrouvée dans une situation inconfortable. Ces révélations ont démontré que l’enlèvement d’Aboud n’était pas lié à une affaire politique, mais bien à des activités criminelles, en particulier au trafic de drogue. Des sources espagnoles, notamment la Guardia Civil, ont confirmé que les circonstances de l’enlèvement d’Aboud n’étaient pas celles décrites par les médias marocains. Aboud lui-même aurait donné des versions contradictoires lors de ses interrogatoires en Espagne, ce qui a mis à mal le récit initial soutenu par le Makhzen.
Le basculement de la presse marocaine s’explique par cette contradiction. En Espagne, des enquêtes approfondies ont révélé que le prétendu enlèvement aurait en réalité été orchestré par des réseaux criminels, liés à des trafiquants de drogue marocains, ce qui a profondément embarrassé le Makhzen. D’après M. Laidoudi, la Guardia Civil, ayant retenu des suspects marocains impliqués dans l’affaire, a joué un rôle clé en exposant les véritables motifs de cette opération. Cette nouvelle a frappé de plein fouet les efforts médiatiques marocains, forçant les organes de presse à se distancier d’Aboud pour éviter d’être associés à ce scandale d’envergure.
D’autre part, le soutien initial de la presse du Makhzen envers Aboud s’inscrivait dans une stratégie plus large visant à affaiblir l’image de l’Algérie. En présentant Aboud comme un dissident persécuté par les services algériens, les médias marocains cherchaient à exploiter cette affaire à des fins de propagande. Mais, comme l’explique Laidoudi, dès que les preuves espagnoles ont commencé à affluer, il est devenu impossible pour les médias marocains de maintenir ce récit, sous peine de voir leur crédibilité détruite. Ainsi, l’influence des médias espagnols dans cette affaire a été décisive pour faire éclater la vérité au grand jour.
Le Makhzen dans de beaux draps : l’affaire Aboud comme une arme à double tranchant
Le deuxième axe que M. Laidoudi développe concerne les répercussions graves que cette affaire pourrait avoir sur le Makhzen. En essayant de manipuler la situation pour accuser l’Algérie d’un enlèvement politique, le Makhzen s’est engagé dans une voie dangereuse. Les récentes révélations, notamment celles de la presse espagnole et des enquêtes policières, ont mis en lumière les liens d’Aboud avec des réseaux de trafic de drogue opérant entre le Maroc et l’Espagne, en particulier dans la région de Bou Nova où il a été localisé lors de son “enlèvement”. Ce changement narratif a gravement nui à la crédibilité du Makhzen, qui se retrouve désormais dans l’incapacité de dissocier l’opposition algérienne en exil de ces affaires criminelles.
Laidoudi insiste sur le fait que cette affaire expose le Makhzen à des pressions internationales. En effet, l’implication de criminels marocains dans cette affaire, combinée à l’échec des médias marocains à tenir une ligne cohérente, place le Maroc dans une situation où il devient difficile de justifier ses actions. La stratégie médiatique initiale, qui visait à faire d’Aboud une victime des services algériens, s’est retournée contre ses instigateurs lorsque les véritables tenants de l’affaire ont été dévoilés par la presse espagnole. Le retournement soudain de Medi 1 TV et d’autres médias marocains, qui ont cessé toute couverture de l’affaire dès que les éléments incriminants sont apparus, démontre à quel point le Makhzen est désormais en difficulté.
Selon Laidoudi, ce qui complique davantage la situation pour le Makhzen est l’enquête en cours menée par les autorités espagnoles, qui cherchent à déterminer les responsabilités dans cette affaire. L’Espagne, en tant que territoire où l’enlèvement présumé a eu lieu, a un rôle crucial à jouer dans la poursuite des personnes impliquées. De plus, les suspects arrêtés par la Guardia Civil ont déjà commencé à fournir des informations qui pourraient impliquer d’autres acteurs, et cela pourrait aboutir à des révélations encore plus dévastatrices pour le Makhzen.
La presse marocaine, autrefois si véhémente dans son soutien à Aboud, se trouve aujourd’hui obligée de se retirer de l’affaire. Comme l’explique Laidoudi, ce retournement s’explique par l’incapacité du régime à contrôler les dégâts causés par cette affaire, qui ne fait que révéler les liens étroits entre des figures de l’opposition et des réseaux criminels. En fin de compte, le Makhzen se retrouve pris dans un piège qu’il a lui-même contribué à créer. La stratégie visant à ternir l’image de l’Algérie en manipulant l’affaire Aboud a échoué, et c’est désormais le Makhzen qui doit répondre des conséquences.
Comment les ”opposants” au gouvernement algérien traînent le Makhzen dans la tourmente
Selon M. Laidoudi, les ”opposants” algériens en exil, notamment Aboud Hichem, Anwar Malik et Walid Kabir, ont joué un rôle central dans l’embarras actuel du Makhzen. Ces figures, qui se présentent comme des dissidents politiques, ont été exploitées par le régime marocain pour discréditer l’Algérie sur la scène internationale. Cependant, leurs liens présumés avec des réseaux criminels, révélés par les enquêtes espagnoles, ont pris une tournure inattendue pour le Makhzen. Ces opposants, en s’associant à des affaires louches telles que le trafic de drogue, ont en réalité compromis la stratégie marocaine. Pour M. Laidoudi, il est clair que ces figures de l’opposition ont entraîné le Makhzen dans une spirale d’accusations, exposant le régime à des scandales qui risquent d’affaiblir son image et ses alliances internationales.
Hope&ChaDia