In Memoria
***
43e anniversaire de la mort
du président Houari Boumediene,
l’édificateur de l’Etat algérien
Par Admin, 26/12/2021
«…Le vide laissé par la disparition de Houari Boumediene met en relief l’envergure de l’homme d’État qui, pendant treize ans, a forgé l’Algérie moderne et occupé une place majeure sur la scène internationale, en s’affirmant comme le chef de file intransigeant mais pragmatique du tiers-monde. S’il avait la passion de son pays (…), il avait également une vision stratégique du monde. En ce sens, il aura été le véritable héritier spirituel de Gamal Abdel Nasser. (…) Nationaliste arabe et socialiste, il a été un des premiers à comprendre que le principal conflit du dernier quart du vingtième siècle ne serait plus celui opposant l’Est à l’Ouest, mais le Nord au Sud, les peuples riches aux peuples pauvres, les États industrialisés aux pays sous-développés », écrit le Monde au lendemain de la disparition de Houari Boumediene, survenue le 26 décembre 1978.
Houari Boumediene a marqué de son empreinte l’histoire de l’Algérie. Son exceptionnel parcours, que ce soit durant la guerre de libération ou postindépendance, a, plus de trois décennies après sa mort, laissé des traces indélébiles. Relater ce parcours relève d’un difficile exercice. Toutefois, le commencement ne peut que débuter par la fin de ce leader charismatique, accompagné à sa dernière demeure dans un climat à la limite de l’hystérie. Le 26 décembre 1978, l’Algérie est sous le choc : elle vient de perdre un de ses plus dignes fils, le Président Mohamed Boukharouba, plus connu sous son nom de guerre Houari Boumediene. Résistant de la première heure, président de l’Algérie indépendante leader des non-alignés et pourfendeur dès les années 1970 du Nouvel ordre économique mondial, Boumediene a marqué l’histoire du XXe siècle. En cette journée hivernale, tout le peuple est sorti dans la rue pour lui rendre un vibrant hommage dans un immense cortège funèbre que les Algériens ne sont pas près d’oublier. L’homme, à qui revient l’honneur de l’édification de l’Etat algérien, est pleuré par tout un peuple, convaincu que Boumediene a accompli son devoir envers un pays dévasté par 132 ans de colonisation.
Natif d’Ain Hassaïnia, dans la région de Guelma, le 23 août 1932, Mohamed Boukharouba a grandi au milieu d’une fratrie de sept enfants. Issu d’une famille paysanne et conservatrice, il est élevé dans les stricts préceptes de l’Islam jusqu’à son départ sur Constantine pour étoffer ses connaissances en littérature arabe. Mais avant d’atterrir dans la ville des ponts suspendus, le jeune Boukharouba est marqué par les massacres du 8 mai 1945 dont il dira plus tard : « Ce jour-là, j’ai vieilli prématurément. L’adolescent que j’étais est devenu un homme. Ce jour-là, le monde a basculé. Même les ancêtres ont bougé sous terre. Et les enfants ont compris qu’il faudrait se battre les armes à la main pour devenir des hommes libres. Personne ne peut oublier ce jour-là ». Les images de ces massacres le poursuivront longtemps, y compris quand il rejoint le maquis où à chaque occasion, il les évoquera pour galvaniser ses troupes. A la zaouïa Kettania et à l’institut Ibn Badis, le taciturne Boukharouba consolide ses connaissances en langue arabe et comme beaucoup de jeunes de sa génération, il entre aux scouts musulmans avant de rejoindre, plus tard, le MTLD de Messali Hadj, fortement implanté à Constantine à cette époque.
A un âge précoce, il comprend l’étendue du malheur qui s’abat sur son pays et la nécessité de militer activement pour la dignité de ses concitoyens. Il part en Tunisie parfaire sa formation dès le début des années 1950. Il fréquente la prestigieuse université Zitouna de Tunis. Il y séjourne pendant une année, mais, désireux de pousser encore loin ses études, il met le cap sur la Caire où commencera son vrai combat pour l’indépendance de son pays. Il assiste en auditeur libre aux cours administrés à l’université Al-Azhar et concomitamment, il s’inscrit à l’école du soir du nom de Khiddouia. Pour subvenir à ses besoins, il enfile le tablier d’instituteur, métier qu’il exerce durant une courte durée puisque, toujours militant du MTLD, il s’engage, cette fois-ci, aux côtés des Tunisiens et des Marocains au bureau du Maghreb arabe, qui prépare activement le soulèvement contre le système colonial dans tout le Maghreb. A partir de cet instant, Boumediene s’engage dans la voie militaire en étant choisi pour suivre un entraînement dans un camp proche de la capitale égyptienne. Ils étaient en tout et pour tout sept Algériens à subir cet entraînement. Le jeune Guelmi fera ainsi connaissance pour la première fois avec Hocine Aït Ahmed et Mohamed Khider, les deux délégués algériens au bureau du Maghreb arabe. Cela se passe en 1953, c’est-à-dire une année avant l’insurrection armée du 1er novembre 1954. Sa première mission, il l’accomplit sur le yacht « Dina » de la reine de Jordanie du même nom, bourré de stocks d’armes destinés au maquis algérien. Ahmed Ben Bella porte son choix sur Boumediene pour acheminer la cargaison vers Nador, la ville portuaire marocaine. Mission remarquablement accomplie puisque le navire accoste à bon port et le message remis aux mains de Larbi Ben M’hidi, chef historique de la Wilaya V. Plusieurs missions de transport de matériel de guerre seront réussies par un Boumediene plus que jamais engagé dans la lutte pour le recouvrement de l’indépendance.
Il connaîtra une fulgurante ascension dans la hiérarchie militaire. Une fois Larbi Ben M’hidi nommé au CCE par le congrès de la Soummam en 1956, Abdelhafid Boussouf le remplace à la tête de cette wilaya avec comme adjoint, Houari Boumediene. Une année plus tard, en septembre 1957, Boussouf rejoint la Tunisie et Boumediene est nommé au grade de colonel, chef de la Wilaya V. De plus en plus, celui-ci grimpe les échelons. Remarquable organisateur, il dirige le maquis à partir d’Oujda où est implanté le PC. Ainsi, il est promu chef du commandement opérationnel de l’ouest (COM) puis désigné chef de l’état-major général de l’ALN. Il prend du poids jusqu’à devenir incontournable dans l’échiquier militaire.
Cet homme discret et taciturne poursuivra doucement mais sûrement son bonhomme de chemin comme prédestiné à une carrière politique aussi fulgurante que la sienne. Trop de choses ont été dites à son sujet à cette époque mais sa détermination à construire, après l’indépendance du pays, un Etat fort et structuré lui a donné des ailes et lui a également ouvert les portes du pouvoir qu’il ne tarde pas à prendre, le 19 juin 1965. S’ensuit ensuite des actions aussi spectaculaires les unes que les autres. Dès sa prise de pouvoir, il s’attelle à récupérer la base de Mers El-Kébir. Une entreprise réussie en 1968 et suivie de plusieurs autres de grande envergure comme la nationalisation des hydrocarbures, le 24 février 1971. Une date historique dans la mesure où ces nationalisations ont permis la récupération des richesses nationales. En optant pour le socialisme, Houari Boumediene a fait construire des centaines d’usines réparties sur tout le territoire national comme il a accordé une importance primordiale à l’école. Il en a fait de même pour la santé et bien d’autres secteurs. Le Président Boumediene ne laisse rien au hasard tellement absorbé par la reconstruction du pays à laquelle il consacre tout son temps, pour ne pas dire sa vie.
Sur le plan international, son influence prend de plus en plus de l’ampleur. Il opère des offensives tous azimuts en organisant avec un énorme succès le sommet des non-alignés en 1973. Un rendez-vous qui le propulse aux devants de la scène internationale bien qu’avant cette date son nom ait été sur toutes les lèvres des dirigeants des pays étrangers. Il apporte un soutien politique et financier aux mouvements de libération de toutes les régions de la planète. Il ne lésine pas sur les moyens pour aider les pays pauvres. Incontestablement, il s’impose comme un leader du tiers-monde. En tant que tel, il prononce son mémorable discours devant l’Assemblée générale de l’ONU en 1974.
Il expose une nouvelle doctrine économique, favorable à l’établissement d’un nouvel ordre économique international. D’autres offensives sont à mettre à son actif, notamment l’organisation du premier sommet de l’OPEP à Alger en 1975 durant lequel il a pesé de tout son poids pour organiser une rencontre entre le Shah d’Iran et Saddam Hussein. Les deux parties signent le pacte de paix après des années de guerre. Un autre pari gagné pour Houari Boumediene devant lequel beaucoup de présidents ont échoué malgré leurs incessantes médiations pour régler ce conflit. Deux années plus tard, c’est-à-dire en 1978, le Président Boumediene est atteint par une étrange maladie. Ses apparitions publiques se font de plus en plus rares. Le diagnostic est sans appel, il est atteint de la maladie de Waldenström dont les symptômes sont apparus lors de son voyage à Damas au mois de septembre. Hospitalisé à Moscou puis à Alger, il décédera le 27 décembre 1978. Deux jours plus tard, il est enterré au carré des Martyrs à El-Alia.
Source : https://lapatrienews.dz/author/abdenour/